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The Chaos Engine
Année : 1993
Système : Amiga, Atari ST, Megadrive, Windows, SNES
Développeur : The Bitmap Brothers
Éditeur : Renegade Software
Genre : Action
Par Tonton Ben (24 mai 2004)

Il y a des teams de développeurs, comme ça, qui ont transcendé leur époque... Dois-je encore présenter les Bitmap Brothers ? Allez, pour les plus jeunes, une pitite rétro s'impose.

Du bel écran titre, ça Madame !

Il y a bien longtemps dans une galaxie lointaine...

Pas tant que ça, tout de même, puisque la fondation des Bitmap Brothers remonte à 1987 en Angleterre, par Steve Kelly, Mike Montgomery et Eric Matthews. Cette équipe de génie a rapidement fait parler d'elle avec Xenon et Speedball (1998), dont les suites respectives (Xenon 2 Megablast, en 1989 et Speedbal II Brutal Deluxe en 1991) ont connu un succès sans précédent. S'en suivirent le mythique Gods, et dans le même année Magic Pockets (1991). Deux années s'écoulent avant que les frères pixels sortent Chaos Engine.

La galerie des portraits, que des gueules d'amour...

La théorie du chaos.

Une fois encore, la communauté scientifique est pointée du doigt (n'est-ce pas Gordon Freeman ?), puisqu'une expérience technologique portant sur les espaces-temps a conduit à la création de la machine du chaos, une espèce de bidule pré-informatique qui a rendu fou la population avoisinante, et qui finit même par le transformer en bestioles par très commodes. Vous le savez tous, que doit-on faire lorsqu'une bécane part en carafe ? Non on n'appelle pas la hotline, il suffit de débrancher l'appareil en question. Seul problème, elle se trouve dans un coin plutôt difficile d'accès, et méchamment gardée par les autochtones.

La sélection des héros...
...et les écrans d'achat, très design.

Votre mission, si vous l'acceptez...

L'objectif consiste donc à parcourir quatre mondes, divisés en quatre niveaux chacun, afin de débusquer des "nodes", ces poteaux qui libèrent de l'énergie une fois activés, et qui ouvrent la porte de fin du level lorsqu'ils ont tous été trouvés. Chaos Engine se présente avec une vue de dessus comportant une légère fausse perspective, dans un environnement dédalesque partant dans les quatre directions. Ceux qui ont fini Gods ne seront pas dépaysés, de nombreux mécanismes sont à activer, certains demanderont d'ailleurs un peu de réflexion (mais seulement un peu, pas de panique !), et pas mal d'observation. Les pièges sont légions, les ennemis aussi, et ces derniers ont tendance à débarquer lorsqu'on ne s'y attend pas. Stressant. Les plus anciens y verront une réminiscence de Gauntlet, d'Alien Breed ou de Smash T.V., et ils auront totalement raison.

Des mandales.
Des tatanes.

On va commencer par un CDD renouvelable...

Pour tirer sur la prise de courant, deux ingénieurs informaticiens sont fortement souhaités. Bonne nouvelle, le jeu nous propose six mercenaires, chacun avec ses caractéristiques propres de vitesse, puissance, de vie, et d'intelligence. Du plus léger au plus bourrin : le Gentleman, le Preacher, le Brigand, le Mercenary, le Thug et le Navvie. Entre ceux qui ont des têtes de tueur psychopathes, et ceux qui donnent le sentiment d'avoir triplé leur maternelle, on se sent en confiance, et on a vraiment envie de s'identifier aux personnages. Au moins, il y en a pour tout le monde ! Ceux qui affectionnent les brutes épaisses, mais alors très épaisses, seront comblés, spécialement s'ils aiment le gros calibre. Au contraire, les amoureux de l'affrontement furtif à la grenaille pourront s'exprimer concrètement. Et pour ceux qui ne savent pas qui choisir, les Bitmap Brothers ont pensé à eux aussi, avec des personnages aux talents équilibrés.

Du bourrinage.
Du pétage de tête.

... avec un salaire indexé sur les bénéfices de l'entreprise...

Ce qui est bien, avec un mercenaire, c'est qu'on n'a pas besoin de lui causer politique ou idéologies, du moment qu'il peut palper la fraîche, il bosse. Ici, la thune est vraiment le nerf de la guerre. À la fin de chaque niveau, comme dans la plupart des autres titres des Bitmap Brothers, toute l'oseille ce que vous avez ramassé peut être investie dans divers objets. Avec un choix total de vingt-cinq armes (du pistolet au lance-roquettes), seuls les plus difficiles ne trouveront pas chaussure à leur pied. Et pour les poètes, bâtons de dynamites et grenades sont également disponibles. Mais la maille sert aussi à booster les caractéristiques du personnage, totalement évolutives. Attention cependant, l'ensemble des brouzoufs ramassés est redistribué entre les deux compères, en fonction du boulot abattu. En clair, si vous ne faites que ramasser le grisbi sans participer au nettoyage de la faune, tant pis pour vous, vous n'aurez que dalle.

La sortie du niveau.
De la baston.

... au sein d'une équipe sympathique et dynamique...

Comment ça, tous les deux ? Ah oui, c'est la petite clause du contrat, le truc écrit tout pitit qu'on ne lit jamais : Chaos Engine s'explore à deux. Ce qui signifie tout d'abord que l'option deux joueurs est la clé de voûte du soft, tout a été prévu pour ça, et il est vital de construire une véritable stratégie de progression, avec les couvertures, les répartitions de terrain, les embuscades... Et quand on n'a pas d'amis ? Même en solo, un partenaire doit être sélectionné, ce dernier sera contrôlé par l'ordinateur (d'où la caractéristique d'intelligence). L'IA du coéquipier a été très bien bossée, et cette dernière évolue au fur et à mesure de la progression. Et ce ne sera pas du luxe, vue la difficulté du jeu. Car comme à l'accoutumée, seuls des mots de passe sont délivrés entre chaque monde (mais qui permettent de garder toutes les caractéristiques !), checkpoints soulageant un peu la progression.

De la castagne.
Plusieurs sorties sont parfois présentes.

... dans un cadre convivial et agréable.

Visuellement, le style graphique des Bitmap Brothers est tout de suite reconnaissable, et c'est encore une fois une franche réussite. Des sprites aux décors, tout a été travaillé et fignolé comme il se doit, rien à dire là-dessus. Les commandes, elles, répondent au doigt et à l'œil, et toute erreur ne pourra être imputable qu'à vos propres réflexes. Quant à l'environnement sonore, les bruitages sont excellents, avec la participation d'une voix-off pertinente outre les habituels effets de tir et de carnage ; pour ce qui est de la musique, non seulement elle est à la hauteur de la qualité exceptionnelle des productions Bitmap, mais elle a la particularité d'être évolutive ! En fonction de l'action et de la progression, cette dernière mute progressivement pour coller aux évènements. Quand je vous dis que ce jeu est pensé jusqu'au bout.

Comment atteindre les bonus ?
Du bourre-pifs.

Une petite signature en bas ?

Petite merveille du jeu à deux (les images de la béta montraient trois personnages !), Chaos Engine est un défi relevé, mais très réussi, bénéficiant de tout le savoir-faire des Bitmap Brothers. Sa suite, malheureusement, est vite passée à la trappe, à cause d'une sortie bien trop tardive sur un Amiga en déclin, et d'un principe de jeu fondé non plus sur la coopération mais sur le Deathmatch en écran splitté, dont le résultat ne convainc pas.

Chaos Engine a connu également de nombreuses conversions, toutes d'excellente qualité. Les versions consoles sont particulièrement soignées, puisque le jeu y est en plein écran. Mais l'Amiga reste au-dessus grâce à son fabuleux chipset de son, comme d'hab (gnark gnark !).

Tonton Ben
(24 mai 2004)
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