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Final Fantasy IV
Année : 1991
Système : SNES ...
Développeur : Squaresoft
Éditeur : Squaresoft
Genre : RPG
Par Julenstein (26 décembre 2006)

Après trois épisodes de Final Fantasy sur la Famicom de Nintendo, l'équipe de Square, alors modeste par rapport à ce qu'elle est devenue quelques années plus tard, décide de mettre en chantier deux nouveaux épisodes de la série : un sur Famicom et un autre sur Super Famicom. Pour des raisons d'argent et de temps, seulement un des deux a finalement vu le jour : le Final Fantasy IV que nous connaissons sur Super Famicom.

Une quête vers la rédemption

Ce quatrième épisode se rapproche de Final Fantasy II dans la construction de son scénario. Il s'agit d'un groupe rebelle ligué contre un empire presque invincible : Baron. Les développeurs vous placent dans la peau de Cecil, Dark Knight de profession, au service du Roi de Baron, puisqu'il est le commandant de la plus puissante flotte aérienne mondiale : les Red Wings. Sa mission ? Récupérer un à un les cristaux qui se trouvent ici et là dans le monde, en employant la force s'il le faut. Alors qu'il accomplit sa tâche avec brio, il se rend compte de la cruauté de certains actes qu'il effectue, notamment au retour de Mysidia où il s'en est pris à des mages blancs sans défense.

Cecil et son groupe des Red Wings s'interrogent et se demandent pourquoi le Roi ordonne de tels massacres pour les cristaux. Quand Cecil lui pose la question, le monarque entre dans une colère folle, une rage incompréhensible, au point de rétrograder le rang du Capitaine des Red Wings, ainsi que celui de son meilleur ami, Cain le Dragon Knight, pour avoir essayé de prendre sa défense. C'est tiraillé entre la loyauté à son Roi et la justice telle qu'il l'imagine que Cecil effectue une dernière mission des plus mystérieuses consistant à porter un étrange paquet jusqu'à un village voisin...

L'introduction de Final Fantasy IV : après avoir massacré les sages de Mysidia, Cecil se demande si les ordres de son Roi sont justes. Ce dernier le rétrograde pour avoir douté de lui !

Casting étoffé

Final Fantasy IV propose un véritable travail sur les personnages par rapport aux épisodes I et III. Encore une fois, il fait beaucoup penser à Final Fantasy II par plusieurs aspects ne serait-ce que le fait que l'on ne garde pas la même équipe du début à la fin : cela dépend du scénario uniquement. À ce propos, il n'est plus du tout question de « customiser » les capacités de chacun d'entre eux, puisque leurs rôles et techniques sont aussi liés au scénario. Nous y reviendrons.

Pour vous faire une idée des personnages qui peuplent Final Fantasy IV, je vous propose les illustrations de chacun d'entre eux sous forme de petites fiches d'identité (admirez le travail de Yoshitaka Amano). Je ne préfère pas écrire de descriptions pour ceux-ci afin de ne pas en dévoiler plus qu'il n'en faut sur le scénario du jeu qui, bien qu'il soit un peu maigre, est riche en évènements improbables.

La naissance de l'ATB

C'est dans cet épisode qu'apparaît pour la première fois dans la série le système de l'ATB (Active Time Battle) bien qu'il soit encore possible de jouer au tour pour tour. Pour ceux qui n'auraient jamais joué à un Final Fantasy post-FFIV, il s'agit d'un temps d'attente entre les actions (matérialisé graphiquement par une jauge dans les autres épisodes utilisant ce système) qui s'applique aux différents membres de l'équipe comme aux ennemis. Ainsi, si vous naviguez trop longtemps dans le menu (choix d'objet par exemple ou de magie), les ennemis auront assez attendu pour attaquer. Concrètement, ce système dynamise les combats d'un RPG traditionnel puisque tous les tours sont mélangés et il faut être rapide dans le choix de ses actions.

Comme dit plus haut, le regret que l'on pourrait avoir en jouant à Final Fantasy IV est de ne pas avoir le contrôle total de l'évolution de ses personnages. Pour la première fois dans la série, tout est prévu d'avance par les programmeurs, on ne peut que choisir les équipements des personnages. Chaque personnage a une spécialité, leurs jobs sont variés (différents knights, voleurs, mages de plusieurs types - invocations, noir, blanc, équilibré -, mécaniciens) tout comme leurs techniques. Évidemment, cela bride en quelque sorte la difficulté, puisqu'il ne s'agit pas de bien faire évoluer ses personnages mais de bêtement passer les niveaux et de laisser la machine s'occuper de tout. En clair, si vous coincez contre un boss, il n'y a qu'à aller rosser quelques gobelins et de revenir avec cinq niveaux en plus. Quel dommage quand on sait la variété de Final FantasyII et III !

L'œuvre de Nobuo Uematsu

Pas la peine de s'attarder longtemps sur l'aspect graphique de

Final Fantasy IV,
qui accuse un certain vieillissement comparé aux épisodes ultérieurs sur Super Famicom. Il y a tout de même une véritable aura dégagée par les architectures des maisons (typées Moyen-Orient, toutes cubiques) et le design des personnages est très réussi pour qui aime le style de Yoshitaka Amano. Tout cela reste cependant très rudimentaire, les joueurs s'accordaient à le dire dès 1991.

Du point de vue de la réalisation, la grosse réussite est le travail d'un seul homme : Nobuo Uematsu et ses compositions musicales. À lui seul, il parvient à créer une ambiance pleine de mélancolie, de tristesse et de malaise par l'écriture de thèmes qui, dit-on, utilisent 100% des capacités de la Super Famicom et ce dès les premières secondes : on se souvient tous bien sûr de la scène d'ouverture avec en fond musical le thème des Red Wings, à couper le souffle. Un travail réalisé avec passion, pour ne pas dire avec amour, qui pèse beaucoup dans la balance « nostalgie » des fans...

Final Fantasy II et Final Fantasy IV Easy-Type

Nos amis Américains ont plus de chance que nous autres Européens puisqu'ils ont eu droit à une version localisée de Final Fantasy IV. Ses qualités ont parfois été discutées à cause de la censure inutile de certains dialogues et de la réduction de la difficulté. Le titre du jeu a également été retouché : comme les épisodes II et III ne sont jamais sortis aux USA, il fait office de Final Fantasy II.

Quelques temps après, Final Fantasy IV Easy-Type est sorti au Japon : il s'agit en fait de la version japonaise sans censure mais avec les ajustements américains sur la difficulté. On peut dire, en extrapolant, qu'il s'agit de la première version International de la série.

Un grand classique

Comme tous les titres de légende qui se respectent, Final Fantasy IV a connu divers portages et remakes. Tout d'abord la version PlayStation qui est un portage pur et dur de la version Super Famicom. Pas la peine d'en dire plus si ce n'est qu'on lui a greffé une jolie scène cinématique d'ouverture et quelque temps de chargement. Cette version est sorti aux USA (en 2001, distribuée par Electronic Arts) dans une compilation avec Chrono Trigger répondant au nom de Final Fantasy Chronicles (ne pas confondre avec Final Fantasy Crystal Chronicles, sur Game Cube, sorti en 2004) : une bonne occasion pour les gamers américains de (re)découvrir le titre sans censure et avec sa difficulté originale. Il a également franchi les portes de l'Europe en 1999 dans une compilation appelée Final Fantasy Anthology qui le mettait aux côtés de Final Fantasy V.

Puis, en 2002, la version Wonderswan Color est sortie. Contrairement aux épisodes I et II sur cette console, les retouches sont assez minimes... Seule la partie graphique a été revue à la hausse. Pas la peine de s'étendre dessus durant des pages et des pages.

Enfin, en 2005 est sorti un remake sur Game Boy Advance avec de nombreuses améliorations graphiques et une quête supplémentaire. Malheureusement, le système de jeu est moins fluide malgré l'ajout d'une jauge pour l'ATB puisque celui-ci est entaché de nombreux temps de latence.

Albums Final Fantasy IV

Comme je l'ai écrit plus haut, la musique a une très grosse importance dans Final Fantasy IV et Square s'en est vite rendu compte puisque trois albums musicaux sont apparus après le jeu. Tout d'abord est sorti en toute logique Final Fantasy IV Original Soundtrack, qui comme son nom l'indique est la bande originale complète du jeu, sans altération ni piste bonus, sur un seul CD.

Le deuxième album est Final Fantasy IV Celtic Moon qui porte bien son nom puisqu'il est un album d'arrangements des pistes du jeu. Les mélodies sont transcendées par une instrumentation typiquement celtique et il s'en dégage les mêmes couleurs musicales que dans le jeu, à savoir de la mélancolie, de la tristesse et tout ce qui caractérise la bande originale si réussie de Final Fantasy IV.

Enfin, dernier album : Final Fantasy IV Piano Collections. Les amateurs de Final Fantasy connaissant bien cette série d'albums qui comprend les épisodes IV à X composée et jouée uniquement au piano par Nobuo Uematsu lui-même.

Un épisode charnière

Ce quatrième épisode de Final Fantasy est devenu, vous l'aurez compris, un grand classique du jeu vidéo. Pour être franc, il me semble qu'il a une place dans le jeu vidéo au moins aussi importante que les Misérables, par exemple, dans la littérature : il fait partie du patrimoine, de la culture. Revenir sur ses qualités serait difficile et inutile aujourd'hui. On peut au moins affirmer sans problème qu'il a affecté avec autant d'ampleur qu'un Dragon Quest l'essor du RPG japonais dans son pays d'origine et partout dans le monde. C'est un déclic pour les joueurs import de l'époque. Il pose en plus les bases de la construction de la narration des épisodes suivants et implémente déjà l'ATB. À quoi ressemblerait le RPG d'aujourd'hui sans FFIV ? Difficile à dire.

Tout simplement un classique indispensable que tout joueur, à défaut de posséder dans sa ludothèque, doit finir.

Julenstein
(26 décembre 2006)
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