Actualité de l'émulation [contenu fourni par Emu-France]
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Par Jeff (03 novembre 2014)
Sega Rally peut faire figure de dinosaure dans l'univers des jeux de rallye. Grand concurrent de V-Rally et fer de lance de la génération 32-bits sur consoles de salon comme en arcade, il s'agit à l'origine de l'un des plus gros succès populaires de Sega au moment de son apogée. Seulement, après deux sorties consécutives sur Saturn et Dreamcast pour Sega Rally premier du nom et pour Sega Rally 2 en 1998, il faudra compter sur huit années de disette agrémentées tout de même de versions douteuses sur consoles portables et téléphones, comme sur Game Boy Advance en 2002 ou sur N-Gage. N'oublions pas également qu'afin d'être complètement concurrentiel face à ce qui se fait chez d'autres (V-Rally du côté d'Atari et Colin Mac Rae Rally de Codemasters notamment), Sega va jusqu'à décliner des versions PC de ses jeux, chose également réalisée sur des titres comme Virtua Fighter ou Virtua Cop. Maman, je suis de retour !Lorsque Sega Rally sort sur la portable de Sony en 2007, Sega annonce son grand come-back dans le monde du rallye en manettes avec des opus similaires déclinés sur Playstation 2 et 3, sur PC et XBox 360. Sur PSP, c'est le studio Bugbear Entertainment qui doit s'y coller. Pas forcément un premier choix en la matière, mais une équipe alors solide, qui avait déjà développé des titres de course comme Rally Trophy sur PC et Flatout sur consoles 128-bits. Seulement voilà, nous sommes à deux ans de la sortie de Gran Turismo PSP, attendu comme le messie sur la console en question. Derrière lui, Colin Mac Rae, WRC FIA World Rally ont déjà fait des émules timides deux années plus tôt. C'est là qu'il faut mettre les choses au clair. Sega Rally n'est pas un simple jeu de course. Souvenez-vous donc du plaisir coupable pris sur Sega Rally premier du nom, douillettement assis dans votre salon, luttant contre la montre avec votre Celica d'époque. Rappelez-vous alors de la marade déclinée avec moults compères sur Sega Rally 2, borne qui trône toujours dans le cinéma du coin, dont les retours de force vous laissent une douleur lancinante le long de la colonne vertébrale. C'est bon, vous êtes dedans ? Nous y voilà. Sega Rally, ce n'est pas du rallye, c'est de l'arcade ! "Nous sommes odieux, vous êtes pire !"Avant d'évoquer le jeu de Bugbear, mettons ce postulat au clair. Il s'agit d'aller en découdre directement avec des IA de piètre intelligence dont le seul leitmotiv sera encore et toujours de prendre le virage au plus court, que la voiture du joueur soit sur la trajectoire ou non. Vu qu'aucune gestion des dégâts n'est présente, que les ralentissements appliqués lorsqu'on percute des éléments du décor sont quasi-inexistants et que le tête-à-queue est un événement exceptionnel en soi, on peut agréablement se mettre à virevolter et à prendre les virages à n'importe quelle vitesse. Les adversaires n'ont aucune notion de l'entrave que la voiture du joueur peut représenter. Ainsi n'empêchent-ils jamais volontairement de doubler. On est loin d'un jeu de course stratégique. En revanche, si ma Mitsubishi Lancer vient à se trouver dans la trajectoire de virage de mon adversaire du moment, soyons certains qu'en me touchant à l'arrière sans vergogne aucune, il va me faire perdre de précieuses secondes et pourquoi pas même, m'envoyer dans le décor. Et c'est là que le bât blesse, puisque parfois on a plus l'impression de piloter des boîtes de conserve envoyées à toute allure que des bolides hors de prix ! Freins en optionOn l'aura compris, l'important dans Sega Rally est d'arriver à joindre la ligne d'arrivée par n'importe quel moyen. Le soft est résolument orienté arcade. À partir de ce constat, une question se pose : le plaisir est-il là ? Retrouvera-t-on sur PSP les mêmes sensations qu'autrefois sur Saturn, Dreamcast ou Model 2 ? D'emblée, annonçons la couleur : la PSP propose un portage extrêmement plaisant. La prise en main est très aisée et les dérapages deviennent rapidement instinctifs. De quoi séduire le plus grand nombre. Mais d'un autre côté, le jeu perd aussi certaines spécificités, notamment vis-à-vis des modèles de voitures proposés, dont certains sont assez similaires au premier abord. En revanche, si la stratégie de course est inexistante pour l'IA, il n'en va pas de même pour le joueur. Avant chaque départ, en cas de course unique ou en début de championnat si vous voulez réaliser une série de trois courses, vous devrez impérativement choisir des pneumatiques. Le choix entre route, sable et neige est donc crucial afin de faire de bons temps et rattraper les premiers. On regrettera, face à cette pointe de préparation, l'absence de compétences spécifiques à chaque véhicule. Si certains ont une meilleure vitesse de pointe que d'autres, rien dans le menu ne l'indique. Il ne tiendra qu'au joueur de connaître les spécificités d'un véhicule et savoir si celui-ci est le mieux adapté aux tracés sur lesquels il va courir. Ainsi, les buggys et autres C2 seront avantagés sur des tracés sinueux, tandis que les Mitsubishi et Celica seront meilleures sur route, mais tout cela le menu n'en parle guère ! Un oubli dommageable mais qui relève du chipotage devant le plaisir que procurent les courses. De plus, chaque véhicule a été réalisé avec soin : les bruits spécifiques des moteurs sont présents et c'est un régal pour les oreilles. Destruction DerbyCar si de tels oublis peuvent sembler rédhibitoires dans un jeu comme Gran Turismo, rien de tout cela ici tant le soft nous fait rentrer la tête la première dans la course. Pas de round d'observation. Du jeu et rien que cela ! Vous commencerez sixième sur six et il faudra compter sur votre seule capacité à relever quelques secondes le bouton d'accélération durant certains virages pour finir en première position. Le plus plaisant reste alors de retrouver un jeu exigeant, où l'échec impose une plus grande discipline. À tel virage, il faudra passer plus vite. À tel autre, pas de dérapage, mais le couper au mieux. Et nous voici partis pour des dizaines de minutes, si ce n'est des heures à retravailler un circuit d'un bout à l'autre pour terminer premier. En achevant les différents championnats présents, le joueur vaincra la "voiture vedette" et gagnera le droit de concourir avec celle-ci. Au rang des véhicules à piloter, on trouve de belles choses. De base, nous disposons des mythiques Mistubishi Lancer Evolution et Subaru Impreza, et les légendaires Lancia et Toyota Celica de Sega Rally premier du nom sont également présentes. Dans la flopée des véhicules à débloquer, il faudra compter sur des Skoda Fabia, Peugeot 206 et autres Ford Focus. Mention particulière aux petites françaises qui n'ont pas chômé ces dix dernières années en WRC et en WTC. On trouvera donc, par exemple, une Xantia et une C2, avec grand plaisir, sans forcément y voir des véhicules d'un très bon niveau. Sortie de pisteEn fonction des circuits où vous courrez, vous aurez droit à des environnements différents dans lesquels les pneus choisis vous avantageront ou non. Outre ce gameplay d'une prise en main aisée et efficace, les circuits proposent des textures de bonne tenue. C'est bien plus beau qu'un Sega Rally 32-bits et on reste dans la norme de ce que la PSP peut proposer. Idem pour les véhicules. On reconnaîtra sans problème les bolides pilotables, sans atteindre le summum pour autant. Il est néanmoins regrettable de constater quelques problèmes de caméra. Difficile par exemple de conduire le Hummer proposé dans le jeu tant, par sa hauteur, il empêche de voir le tracé à venir, et ce même d'un point de vue éloigné. Pour le confort, on regrettera des temps de chargement relativement longs : inférieurs à une minute mais néanmoins déplaisants pour des courses de trois tours plutôt vite terminées. À l'inverse, les qualités sonores de Sega Rally PSP sautent aux oreilles. En plus d'une bande sonore très arcade qui n'a rien d'agaçante, l'utilisation d'un casque ou d'écouteurs permettra au joueur de profiter pleinement de la qualité stéréo proposée. De gauche à droite, on entendra ronronner les moteurs des adversaires en fonction de l'endroit où ils attaquent. Le plaisir de conduire devient alors complet. Quant au temps de jeu proposé, il dépend du profil du joueur. Les plus déterminés n'en démordront pas et termineront tous les niveaux de tous les championnats proposés en quelques jours, tandis que le quidam pourra s'offrir une course occasionnelle pour le plaisir. Au final, Sega Rally tient ses promesses : un plaisir à l'ancienne dans un enrobage neuf qui sent bon le travail bien fait. On retrouve le jeu de la belle époque, avec des sensations dignes de ce nom et un plaisir renouvelé, mais dans sa poche cette fois ! Les amateurs de simulation plus pointue et plus complète préfèreront s'orienter vers Gran Turismo dans sa version portable, sachant que celui-ci ne propose malheureusement que des courses à quatre véhicules. Plutôt frustrant donc ! Envie de réagir ? Cliquez ici pour accéder au forum |