Actualité de l'émulation [contenu fourni par Emu-France]
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Par Laurent (02 octobre 2000) I. Nolan Bushnell et la préhistoire des jeux video.Voici une courte histoire d'un des plus grands noms de l'industrie du jeu vidéo et de la micro-informatique. Atari est un terme qui provient du jeu de Go. En gros, "Atari !" est au jeu de Go ce que "Echec !" est au jeu d'échecs. Le logo de la société représente le mont Fuji, volcan situé à une centaine de kilomètres de Tokyo. Au départ, Atari a failli s'appeler Sysygy, terme qui désigne l'alignement parfait de trois corps célestes, mais ce nom était déjà utilisé par une entreprise de bâtiment.C'est donc la société Atari que fonde Nolan Bushnell le 27 juin 1972, et crée un des premiers jeu vidéo commercialisés : Pong, à savoir le jeu de tennis où les joueurs sont représentés par des bâtons, que tout le monde connaît. Bushnell n'est alors pas un débutant en la matière puisque il a déjà à son actif le développement d'une machine d'arcade, Computer Space (distribuée par Nutting Associates), mais celle-ci est passée quelque peu inaperçue. Pour ce jeu, Bushnell s'était inspiré d'un projet universitaire : Spacewar, crée en 1962 par Steve Russel (et ses amis du MIT) sur un mini-ordinateur DEC PDP-1, un jeu plutôt complexe et difficile prendre en main. De cet échec il tire la conclusion qu'un jeu vidéo ne peut avoir d'avenir que s'il est simple, compréhensible instantanément. Pong découlera directement de cette idée qui, régulièrement au cours de l'Histoire future des jeux vidéo, refera surface. Le concept de "tennis pour deux" n'est pas non plus son invention, mais celle de Ralph Baer, l'authentique père des jeux vidéo qui travaille sur l'idée depuis le début des années 50 mais ne pourra en tirer une version commerciale qu'en 1973 avec la console Odyssey. Bushnell n'est donc pas forcément le génie créatif que l'on présente souvent. En revanche il est clair que la notion de jeu vidéo d'arcade est son idée. C'est même celle-ci qui va lui permettre de devancer ses premiers concurrents. Le premier prototype de Pong est ainsi installé dans un bar du nom de Andy Caps à Sunnyvale, Californie. Le succès est immédiat. On raconte que Bushnell fut rappelé par le patron du bar au bout de deux heures, la machine étant déjà tombée en panne, mais la vérité est qu'en fait le monnayeur, pris d'assaut par les joueurs, avait atteint sa limite de contenance de pièces de 25 cents. Ainsi commençe l'histoire d'Atari. Par un coup de génie, l'idée de lancer le jeu sous forme de machine à sous permettant d'avoir un retour immédiat du public visé, argument solide pour convaincre les investisseurs. Peu après la sortie de Pong, Bushnell est poursuivi par la société Magnavox, qui fabrique et distribue l'Odyssey, première véritable console de jeu de l'Histoire (elle peut faire fonctionner plusieurs jeux dont le tennis inspirateur de Pong, grâce à des cartouches). Bushnell jure ne pas avoir copié les travaux de Ralph Baer mais ne parvient pas (et pour cause) à convaincre le juge, et Atari commence à payer des royalties à Magnavox. En 1974, Atari triomphe avec des jeux tels que les fameux Tank et Quadrapong (développés par sa filiale Kee Games), toujours cantonnés aux bars et salles de jeu. Bien que la majorité des employés de la société soit contre l'idée de faire entrer les jeux vidéos dans les foyer, Bushnell désire produire une version grand public de Pong, qui est finalisée dès la fin 1974. Grâce à la chute du prix des composants et au fait qu'elle se limite à un seul jeu, cette version de Pong est vendue moins cher que l'Odyssey tout en proposant de meilleurs graphismes, le jeu étant utilisable sur un téléviseur couleur. C'est aussi à cette époque qu'entre chez Atari un technicien de 18 ans très futé mais un peu étrange, à la fois geek et zen : Steve Jobs, futur fondateur d'Apple, qui participera à l'élaboration du jeu Breakout avec l'aide de son ami Steve Wozniak, alors employé chez Hewlett-Packard. Début 1975, un investisseur de Sears Roebuck (chaîne de magasins fondée en 1886 qui possède la Sears Tower à Chicago, haute de 440m) propose à Bushnell de lui acheter toutes les unités de Pong qu'il peut produire dans l'année et s'occupe de la publicité et de la commercialisation. Pour les fêtes de noël 75, Pong est l'évènement dont tout le monde parle. En 1976, la console Fairchild Channel F est introduite sur le marché. Comme l'Odyssey, cette machine offre la possibilité de jouer à différents jeux, sauf que ceux-ci sont stockés dans les cartouches insérables alors que sur la console Magnavox les jeux étaient tous "contenus" dans la console, les cartouches ne servant qu'à les débloquer. La Channel F peut donc accueillir une ludothèque illimitée. Atari doit se dépêcher de contre-attaquer, car il s'agît là d'une sérieuse menace de concurrence, et commence à travailler sur un projet appelé Stella (dont l'un des développeurs n'est autre que Jay Miner, futur créateur de l'Amiga), qui ne vient hélas pas à terme faute de crédits suffisants. Bushnell ne désarme pas et s'accroche à la tête d'Atari, se mettant en quête de nouveaux capitaux. En octobre 1976, Atari est racheté par la Warner pour 28 millions de dollars. Une nouvelle ère commence. Warner veut faire d'Atari un grand nom et investit 100 millions de dollars dans le projet Stella, futur VCS (Video Computer System), console de jeu fonctionnant avec des cartouches, en basant la recette du succès sur le marketing. II. L'ere des consoles.En octobre 1977, la VCS est commercialisée pour un prix de 200$ qui entraîne dans un premier temps peu de profit, ainsi que 9 jeux développés par les programmeurs maison. C'est une période difficile qui va aboutir au départ de Nolan Bushnell, congédié par les dirigeants de Warner pour ses methodes de travail trop décontractées. La division jeu d'arcade d'Atari va par la suite rencontrer une féroce concurrence, de la part notamment de Bally (qui lance en 1978 la console Professionnal Arcade). En 1978 Taito, une société japonaise, crée un jeu d'arcade nommé Space Invaders, qui rencontre un énorme succès. Malgré ces menaces sérieuses, Atari aura son mot à dire grâce à un grand nombre de jeux développés, comme Asteroids, sorti en 1979. Mais revenons à 1978 : Atari pénètre le marché de la micro-informatique familiale en annonçant les ordinateurs Atari 400 et 800 (qui ne seront lancés que l'année suivante). Plutôt que de créer des modules permettant de transformer leur console en ordinateur, ce sont de tout nouveaux systèmes qui sont produits, basés sur le microprocesseur 6502, ainsi que différents périphériques. Nolan Bushnell quitte Atari et la direction adopte un nouveau style : l'heure du costume-cravate et des horaires flexibles est venue, fini l'état d'esprit hippie. Un premier produit, Touch Me, version miniaturisée d'un jeu d'arcade Atari (sans écran) de 1974, est ainsi commercialisé. C'est le premier jeu portable d'Atari. En 1979 et 1980, les jeux vidéo deviennent de plus en plus populaires. Atari sort 12 nouvelles cartouches pour VCS et signe avec Space Invaders la première licence d'adaptation d'un jeu d'arcade pour console (et en plus c'est une vraie réussite : l'adaptation est parfaite). Lorsque le jeu, en janvier 1980, sort de l'archipel japonais pour conquérir les salles d'arcade du monde entier, beaucoup d'américains achètent une console VCS pour pouvoir y jouer chez eux. Rien ne semble alors pouvoir arrêter Atari. Pourtant, c'est aussi pendant cette période que des programmeurs de génie qui travaillent pour la société se révoltent contre une direction qui les traite en techniciens plutôt qu'en artistes. Ainsi durant l'année 1980, David Crane, Alan Miller, Bob Whitehead et Larry Kaplan quittent Atari pour fonder Activision, une entreprise qui, dans un premier temps, développera des jeux pour VCS. L'une des clés du succès d'Atari sur le marché des consoles de jeux est sa capacité à produire de bonnes adaptation pour VCS des jeux d'arcade qui ont bien marché, comme Missile Command en 1981. C'est aussi en 1981 qu'est annoncée leur nouvelle console, appelée Atari VCS 2600. Depuis la VCS, la technologie a beaucoup avancé, et la VCS 2600 ne reflète pas cette avancée, aussi Atari sort également la VCS 5200, qui correspond en gros à un Atari 400 sans clavier et équipé d'un joystick analogique, capable de graphismes bien supérieurs à ce qu'offre la 2600. Si cette dernière est très bien accueillie, la 5200 ne connaît pas le succès, principalement à cause de son incompatibilité avec la 2600 qui réduit son parc de jeux disponibles, et aussi parce que le public de l'époque n'est pas demandeur de l'utilisation d'un joystick analogique. La 2600, en revanche, se vend tout de suite très bien (y compris en Europe, où le jeu vidéo commence enfin à percer), et en 1982 un nouvel engouement pour les jeux vidéo est suscité par l'adaptation sur cette console de Pac-Man, qui est un énorme succès malgré la pauvreté de ses graphismes (comparé à la version arcade). Des concours de Pac-Man sur 2600 s'organisent dans les rayons jeux vidéo des grandes surfaces, et les gamins sont hypnotisés. Atari, qui est devenu une des sociétés les plus reconnues au monde tous secteurs d'activité confondus, emploie 10.000 salariés et possède plusieurs buildings dans la Silicon Valley. Il ne faut pas oublier qu'en plus du marché des consoles, Atari brigue une bonne place durant ces années sur le marché des micro-ordinateurs. Bien que son nouveau produit, l'Atari 800 XL, ne soit pas reconnu comme un système semi-professionnel pour des raisons liées à l'image de son constructeur (à l'époque, les jeux vidéo sont encore exclusivement vendus dans les magasins de jouets), il excelle dans un usage familial grâce à ses jeux et ses applications éducatives. 1983 marque le début de l'extinction des consoles de jeu américaines. Celles-ci subissent une concurrence terrible de la part des micro-ordinateurs, plus chers mais qui les dépassent en terme de jeu tout en proposant de nombreuses autres applications. De plus, peu de nouveaux jeux vraiment originaux sortent. Au salon Winter CES (Consumer Electronic Show) de 1984 à Las Vegas, Atari surprend pourtant tout le monde en présentant la console VCS 7800, qui offre d'excellents graphismes et une totale compatibilité avec la 2600. Mais la commercialisation est encore loin. III. Des hommes nommés TramielLe marché du jeu vidéo grand public (c'est à dire, à l'époque, sur console) est en déclin, les micro-ordinateurs d'Atari sont à la traîne derrière les Commodore et les Apple et ne décollent pas. Warner veut en finir. En 1984, Atari est ainsi revendu, à Jack Tramiel, le fondateur de son plus grand concurrent, Commodore, qu'il vient de quitter pour fonder TTL (Tramiel Technology Limited) dans le but de développer un micro-ordinateur 16-bits. Tramiel est l'exemple même du "self-made man", un immigrant polonais rescapé de l'Holocauste qui a fait fortune en Amérique dans les années 50. Le rachat d'Atari lui permet d'associer son projet à un grand nom de l'industrie, bien qu'avec Atari de nombreux problèmes financiers se présentent. Tramiel possède la division micro-informatique d'Atari, la division jeux d'arcade restant propriété de la Warner, rebaptisée Atari Games. La première chose que Tramiel fait à son arrivée est de nommer à la tête d'Atari ses lieutenants, qui travaillaient pour lui chez Commodore. Il s'entoure aussi de ses trois fils, Sam, Leonard et Garry. Ceux-ci épurent au maximum les effectifs et se concentrent sur le marché des micro-ordinateurs. Leur première action est de casser les prix des Atari 400 et 800 XL. Au Winter CES de 1985, les Tramiel et leur équipe présentent les nouveaux ordinateurs Atari. Il y a d'abord un nouveau 8-bits, l'Atari 800 XE, qui est compatible avec les précédents, mais les vraies stars du show sont les 130 ST et 520 ST. Ces ordinateurs 16-bits sont basés sur le puissant microprocesseur MC68000 de Motorola, et possèdent une interface graphique, le GEM de Digital Research, très similaire à celle des Macintosh d'Apple. Mais le plus incroyable de l'affaire est le prix annoncé : 599$ pour un 520 ST avec 512 Ko de RAM. Le tiers du prix d'un Macintosh, pour une machine comparable avec un affichage en couleurs en prime (mais pas d'écran intégré). La présentation fait l'effet d'une bombe mais il reste encore de longs mois de travail pour l'équipe de développement, centrée sur Shiraz Shivji, avant la commercialisation. En dépit des rumeurs défavorables, l'Atari ST est bel et bien lancé à l'été 85, et commence une course contre Commodore qui vient de sortir également un ordinateur 16-bits, l'Amiga, après avoir racheté la petite société du même nom qui à initié le projet. Dans l'équipe de développement de l'Amiga figurent des ingénieurs qui ont travaillés sur les Atari 400 et 800, et à l'époque où Atari appartenait à la Warner, celle-ci avait investi dans la société Amiga. De cet imbroglio débouche une longue bataille juridique entre Commodore et les Tramiel. L'Atari ST est un succès et 1986 voit la sortie du 1040 ST, le premier micro-ordinateur grand public à atteindre 1 Mo de RAM. Son prix est toujours aussi serré. Atari reprend du poil de la bête, d'autant plus que les consoles VCS 2600 sont toujours sur le marché. Celles-ci se voient relookées, pour un design plus moderne et dépouillé, et la console 7800 commence enfin à se vendre un peu. Beaucoup de rumeurs circulent et à chaque salon les yeux sont en majorité braqués sur le stand Atari. L'année 1987 est celle de la PAO (Publication Assistée par Ordinateur). Atari annonce la sortie des Mega ST 1, 2 et 4 (en fonction du nombre de Mo de RAM) et d'une imprimante laser Atari. Pour la première fois, un système de PAO complet est vendu moins de 3000$. Atari attaque aussi le marché des PC avec l'Atari PC1. La demande pour les Atari ST grandit plus vite que ce que les chaînes de montages peuvent produire. La compagnie se concentre sur les commandes qui viennent d'Europe car le ST y est surtout vendu en tant que machine de jeux, et c'est là qu'il y a de l'argent à faire. En 1988, deux nouveaux ordinateurs sont annoncés, le TT et l'ATW, aux sujet desquels des rumeurs circulent depuis 86 selon lesquelles il s'agirait de systèmes Unix à base de CPU 68020. Atari révèle qu'en plus d'Unix, le TT pourra tourner sous TOS, le système d'exploitation des ST accompagné du GEM et qu'ils seront compatibles avec les ST et Mega ST. L'ATW quant à lui est une machine fabriquée en Angleterre, basée sur le processeur Transputer qui promet une grande puissance. Une autre nouveauté est présentée cette année là, le Stacy, un ST portable, dont la carrière tournera court à cause de ses problèmes d'autonomie et de poids. Le ST est, lui, devenu l'ordinateur préféré des musiciens grâce à son interface MIDI intégrée et au logiciel Pro 24, futur Cubase. C'est tout spécialement à eux que le Stacy s'adresse, mais ceux-ci attendront le ST Book sorti deux ans plus tard pour franchir le pas. Au cours d'une convention Atari 1989 à Düsseldorf, le TT est présenté. Cette puissante machine, architecturée autour du CPU Motorola 68030 s'adresse avant tout aux utilisateurs de PAO mais on est encore à un an de sa commercialisation. Le STE 1040 est aussi présenté, un ST qui offre de meilleures possibilités sonores que le ST, rattrapant le retard sur l'Amiga dans ce domaine. Atari possède aussi une gamme complète de PC, ainsi qu'un petit ordinateur portable qui sert d'organiseur personnel amélioré, le Portfolio, qui se vend très bien. Entre temps, les consoles sont réapparues en force sur le marché (pour ne plus le quitter cette fois) avec Sega et Nintendo. 1989 est donc aussi l'année de la Lynx, la console de jeu portable d'Atari, qui prétend détrôner la Game Boy (Nintendo) en apportant la couleur (et la lumière) à son affichage LCD. On peut voir qu'Atari, dirigé par Sam Tramiel, est présent sur tous les fronts. Le responsable de l'ingénierie est Richard Miller, un des ingénieurs qui ont travaillé sur le Transputer. Leonard Tramiel dirige le développement du TOS, et Henri Plummer celui des systèmes pour Unix. Quant au département jeux vidéos, il est sous le contrôle de John Skruch. Au salon CeBIT de 1990 à Hanovre (Allemagne), Atari fait une première démonstration du TT tournant sous Unix, six mois après son lancement, faisant pour l'occasion passer la fréquence du CPU de 16 à 32 Mhz. Les systèmes Atari Transputer (ATW) sont montrés de salon en salon, mais leurs ventes ne décollent pas. Le TT connaît un relatif succès auprès des utilisateurs de PAO (notamment la presse) grâce notamment à un puissant logiciel nommé Calamus (développé en Allemagne par DMC GmbH), ainsi qu'un traitement de texte (français) nommé Le Rédacteur, qui est un des meilleurs au monde, surtout en ce qui concerne la correction orthographique (du reste Libération a été rédigé quelque temps avec Le Rédacteur et mis en page avec Calamus, sur TT, à moins que ce ne soit sur Mega ST, ça reste à vérifier). Plutôt que de commercialiser ses systèmes Unix cette année, Atari préfère attendre que la version V.4 de leur système d'exploitation soit finalisée, les promettant pour début 91. En 1991, Atari remplace la ligne Mega ST par les Mega STE 2 et 4, dont le CPU 68000 est cadencé à 16 Mhz, équipés d'un disque dur et d'un bus VME. Deux autres machines sont présentées au CeBIT de 1991, le STBook et le STPad. Le premier est un organiseur personnel portable à forte autonomie basé sur une architecture ST, un CPU 68000 avec 1Mo de RAM et une mémoire de stockage de 1Mo qui compense l'absence de lecteur de disquette, et le deuxième est identique au premier mais équipé à la place du clavier d'un système de reconnaissance d'écriture manuscrite. Le I ne sera jamais commercialisé, et le I sera vendu en petites quantités, et en Europe uniquement, début 92. C'est cette même année qu'Atari lance son ordinateur multimédia, le Falcon 030. Ce 16-bits propose un affichage en couleurs "true color 16-bits" (65536 couleurs sur une palette de 262144), un processeur Motorola 68030 et un DSP (Digital Sound Processor, qui permet un travail très poussé sur le son). Le TOS est à l'occasion entièrement revu et mis à jour, et un autre OS fourni nommé MultiTOS offre de vraies possibilités multi-tâches. Le système sous Unix est enfin lancé à la fin de l'été après deux ans de developpement. Les fans d'Atari dans le monde entier attendent une autre machine avec impatience, celle-ci étant annoncée depuis l'été 91, le puissant Falcon 040, et son CPU 68040. IV. La fin d'une époqueA ce moment, les grandes compagnies que sont Atari, Commodore et Apple subissent une forte concurrence des compatibles PC à bas prix importés d'Asie. Avec l'apparition de Windows 3.0, le PC se met enfin à l'heure de l'interface graphique utilisateur et reçoit le soutien d'un grand nombre de sociétés de développement logiciel à travers le monde. Les ventes d'Atari et de Commodore ne sont plus ce qu'elles étaient. Une période de doute et de remise en question commence. Les Tramiel réalisent que si le marché de la micro-informatique leur est devenu difficile, il reste de l'argent à se faire avec les jeux vidéo et les consoles. Atari se lance dans l'étude d'une console 64-bits révolutionnaire, la Jaguar. Le design original est confié à une entreprise anglaise nommée Flair Technologies , dont les ingénieurs sont rapidement transférés de l'autre côté de l'Atlantique, et le développement est dirigé par John Mathieson. 21 ans après Pong, Atari se lance de nouveau tête baissée dans le jeu vidéo. En novembre 1993, Atari présente la Jaguar à New York, et le lancement commercial a lieu en décembre. La Jaguar est à l'époque la console de jeu la plus puissante jamais vue, du moins sur le papier. Malheureusement, l'année suivante ne verra qu'un petit nombre de jeux sortir qui plus est pas tous intéressants ni vraiment impressionnants techniquement. Ce n'est qu'à noël 94 qu'Atari édite des jeux valables, comme Alien vs Predator (un hit adapté sur de nombreux formats mais les défenseurs de la Jaguar soutiennent non sans raison que leur version est la meilleure). Eté 95, Atari produit des périphériques CD-ROM pour Jaguar. Il est clair que la compagnie a totalement abandonné le marché des ordinateurs pour celui du jeu vidéo, mais les ventes de la Jaguar et de la Lynx sont largement en dessous des objectifs, en raison notamment d'un manque flagrant de promotion. Atari n'a alors plus qu'à se rabattre sur l'édition de jeux pour PC. Début 96, les Tramiels assurent à Atari deux rentrées d'argent considérables. L'une par la vente d'usines taïwanaises, l'autre grâce à un procès gagné contre Sega après un litige sur des licences de jeu. Ils renoncent au marché du jeu vidéo, jugé trop aléatoire, et préfèrent investir dans un autre secteur. Une opportunité se présente lorsque Tom Mitchel de JTS, une société qui fabrique des disques durs, leur propose une association. Mitchel a déjà vendu des disques durs à Tramiel à l'époque de Commodore, et à participé au développement de Seagate et Conner, deux grands noms du HDD. Le produit le plus novateur que prépare JTS est un disque dur de 3 pouces pour organiseurs personnels électroniques et une association avec Atari pourrait, grâce à la main d'oeuvre et aux usines ainsi acquises, aider le constructeur à faire face à la demande. Le 30 juillet 1996, la fusion est officielle et Atari devient une subdivision de JTS. Atari revend par la suite de nombreuses licences de jeu et continue quelque temps à vendre ses Jaguar et ses Lynx. Après 25 ans passés au sommet, Atari est devenu une entreprise de seconde zone. V. Atari bradé, Atari français, Atari qui renaitLe 23 février 1998, JTS vend pour 5 millions de $ ses parts d'Atari à Hasbro Interactive, qui fait de la Jaguar une plate-forme ouverte à tous les développeurs. Il est maintenant possible de vendre, sans avoir à verser de droits à Hasbro, des jeux ou des périphériques pour cette console qui bénéficie en dépit de son échec commercial du soutien d'un certain nombre de fans. Le 14 mai 1999, à l'E3 de Los Angeles, Hasbro annonce qu'Atari sera son label préférenciel pour l'édition de jeux vidéo. Peu après, on voit apparaître dans les bacs des jeux Atari pour PC, Nintendo 64 et Playstation, vendus à des prix "budget". Il s'agit de versions 3d des classiques de l'éditeur : Pong, Missile Command, Frogger ou Star Raiders. Hasbro entend ainsi rentabiliser ces licences qui furent jadis prestigieuses. Ces sorties ont peu de répercussions. Les joueurs modernes préfèrent des concepts nouveaux, ou se replonger carrément dans les versions originales des hits d'antan grâce à l'émulation. Atari est donc toujours vivant au travers de ces rééditions, mais ses propriétaires enferment toujours plus le label dans le rayon des reliques d'un autre âge. A partir de 2000, des rumeurs commencent à filtrer : Infogrames serait intéressé par le rachat d'Hasbro. Les rumeurs disent même qu'il ne s'agirait pas d'un simple rachat, mais qu'Infogrames désire à terme être tout simplement rebaptisé Atari. Pendant l'année qui suit, on voit Bruno Bonnell, le patron d'Infogrames, s'afficher avec un t-shirt Atari. En fait, il s'agit d'une opération de communication à usage des USA. L'implentation d'Infogrames sur le territoire américain ne donne pas les fruits espérés et la société lyonnaise, côtée en bourse, n'est pas au mieux à Wall Street. Rien de tel dans ce cas que de lui donner une image familière aux yeux des Américains. Le rachat d'Hasbro aurait donc été essentiellement motivé par la possession du label Atari. En juin 2001, des rumeurs qui commencent à être prises pour argent comptant tant elles sont persistantes prétendent qu'Infogrames ne va plus vendre de jeux au USA que sous le label Atari. Cette opération ne concernerait pas seulement l'exploitation des licences Atari, mais tous les jeux édités par Infogrames. En attendant, le 18 juillet, Infogrames lance une compilation de 12 classiques Atari pour PC et Dreamcast intitulée Atari Anniversary Edition, célébrant le 30e anniversaire de la marque. En 2001, Bruno Bonnell révèle officiellement son plan : Infogrames va progressivement devenir Atari. Il promet toutefois que le label sera uniquement associé à des jeux importants et novateurs. On entre alors dans l'ère des consoles 128-bits, qui vont faire une lourde concurrence au PC sur le marché du jeu vidéo, prenant même progressivement le dessus. Sega a ouvert le bal avec la Dreamcast, puis s'est retiré, faute de moyens financiers, pendant que Sony lançait la Playstation 2 et entamait de longues années de règne sans partage, suivi par Nintendo (Game Cube et Game Boy Advance) et Microsoft (Xbox, la première console américaine à perdurer depuis bien longtemps). L'Atari nouveau développera sans distinction sur tous les formats existant. Le succès est bien souvent au rendez-vous, avec notamment des titres comme Enter the Matrix et Driver 3, qui squattent le haut des charts pendant de longs mois, ou encore de sympathiques initiatives comme l'édition officielle d'Ikaruga sur Game Cube ou le rachat de la licence Dungeons & Dragons (avec à la clé l'excellent D&D Heroes)... En 2004, Atari est devenu un éditeur important, qui lance une très grande quantité de jeux et entend tenir la dragée haute à Ubi Soft ou même Electronic Arts avec des titres comme Rollercoaster Tycoon 3, Sid Meier's Pirates (version modernisée du classique sur 16-bits) ou la série des Unreal Tournament, très populaire chez les joueurs. Fin 2004 survient un évènement dont on ne sait pas encore s'il va avoir une réelle portée historique pour Atari : le retour de la VCS 2600, relookée, rebaptisée Atari Flashback et vendue pour environ 45$ (elle ne sortira qu'aux USA) avec deux manettes et 20 jeux d'époque (dont un inédit !) inclus dans la console elle même. La console a un aspect à la fois moderne et rétro, et les manettes semblent bien plus ergonomiques que celles que la console utilisait il y a 25 ans... a suivre..... Envie de réagir ? Cliquez ici pour accéder au forum |