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Battle Isle : la série
Année : 1991
Système : Amiga, Windows
Développeur : Blue Byte
Éditeur : Blue Byte
Genre : Stratégie

Battle Isle2 / Battle Isle 2200

Année : 1994
Système : PC
Développeur : Blue Byte
Editeur : Accolade
Support : CD

Après trois 3 ans d'absence (si on ne compte pas les scénarios disks et Historyline), Blue Byte décida de donner à sa série un nouvel épisode. C'est ainsi que sorti sur PC uniquement Battle Isle 2 en 1994. Pourquoi que sur PC ? Eh bien, le jeu a reçu un petit lifting graphique que l'Amiga n'aurait pas pu supporter (Blue Byte soutenait toujours la machine de Commodore vu que leur plus célèbre titre, The Settlers, sortait la même année). D'ailleurs, BI2 a été entièrement repensé pour son nouveau support.

Le soft, sorti en 1994 sur PC Dos, est toujours un Wargame avec cases hexagonales dans lequel on contrôle une armée avec laquelle on éclate une autre armée qui n'est pas de la même couleur. Le but n'est plus tellement de réduire en purée l'armée adverse ou prendre son quartier général mais de suivre des objectifs différents selon chaque mission. Le jeu a subi nombre d'améliorations en 3 ans.

L'écran du jeu dès son premier lancement.

Premier constat dès le début du jeu : les graphismes ont été refaits ! Le jeu est passé en VGA 256 couleurs et en 360x240 et en clair, Battle Isle 2 est magnifique et coloré (surtout comparé à l'épisode précédent), offre une plus grande variété dans les décors (il y a deux types de cartes différentes) et aussi des animations, certes sommaires, mais qui donnent un peu de vie à ce monde.

En outre, sur le plan du son, il y a eu du changement : BI 2 supporte plus de cartes sons. En plus de l'Adlib, on a Sound Blaster, Roland, Gravis... Toutefois, pour avoir une qualité sonore optimale, il était conseillé d'avoir une Sound Blaster pro pour les effets sonores et une Roland pour la musique en midi (croyez moi, le midi avec Sound Blaster est insupportable). Évidemment, bonjour la facture pour pouvoir bien jouer mais grâce à Dosbox, ce n'est plus un problème de nos jours.

Parlons du cœur du jeu : le gameplay. Battle Isle 2 a reçu de grandes modifications de ce côté-là. Premièrement : surprise, finis les modes mouvement et action ! Désormais, vos unités peuvent se déplacer et combattre dans le même tour, ce qui supprime nombre des problèmes du précédent épisode. Aussi, l'écran occupe tout l'espace pour un seul joueur et 6 d'entre eux peuvent occuper la même carte.

Désormais, il est possible d'attaquer après avoir déplacé une unité, ce qui change complètement la stratégie dans le jeu.

Le jeu se joue intégralement à la souris et s'avère bien plus maniable que son prédécesseur. Fini les combinaisons touche principale + direction, il suffit de cliquer sur l'unité pour afficher les ordres disponibles (petit inconvénient : il faut maintenir le bouton de la souris enfoncé pour afficher les dits ordres et relâcher sur celui voulu) situés en bas de l'écran. Sur le côté inférieur de l'écran se trouvent diverses caractéristiques de l'unité comme sa puissance et son nom. Il est possible d'afficher des informations plus détaillées des unités en cliquant sur l'onglet information.

Un simple clic (ou plutôt maintenir et relâcher) sur l'icône correspondante permet d'afficher le menu d'information de l'unité (avec une représentation qui peut tourner si vous avez la version CD). Dans le coin inférieur gauche se trouvent les informations vitales de l'unité.

Le jeu a aussi gagné en profondeur : désormais, la carte est obscurcie par le fameux brouillard de guerre. En fait, il existe deux types de brouillard : le premier est rouge et représente la partie non explorée. Le second est grisé et représente la partie explorée mais non visible. Dans les deux cas, l'ennemi est invisible et vous ne pouvez pas savoir ce qu'il trame. Cela relance l'intérêt des véhicules de reconnaissance car vous en aurez besoin pour reconnaître le terrain, désigner les cibles et surtout éviter les embuscades : votre unité, en se déplaçant, rencontre une unité ennemie dans le brouillard et engage automatiquement le combat (faisant passer son tour). À noter, tous les ennemis adjacents qui sont dans le brouillard attaqueront l'unité, donc, prudence.

En plus d'un rayon de reconnaissance, chaque unité dispose d'un rayon de brouillage qui grise le radar adverse. Ainsi, un radar peu puissant sera facilement brouillé par la plupart des unités. Il existe même une unité spécialisée dans le domaine qui dispose d'une haute capacité de brouillage pouvant cacher des unités dans un rayon de deux hexagones, même avec les plus puissants radars disponibles (mais en revanche, n'espérez pas être discret).

Les zones claires sont explorées et visibles, les zones sombres sont explorées mais non visibles, les zones rouges non explorées et non visibles.

Un autre aspect qui apporte de la profondeur : la logistique. Désormais, vos unités ont des réserves de carburant et de munitions qui se vident à chaque déplacement/attaque. Si l'une est vide, vos unités ne peuvent plus se déplacer, l'autre rend vos unités inopérantes au combat. Heureusement, vous disposez de camions-citerne et transports de munitions pour ravitailler vos unités. Un camion qui permet de réparer vos unités sur le champ de bataille est même présent. Ajoutez des unités de transport pour amener vos troupes au front et des véhicules de chantier pour construire routes, rails et fortifications afin de vous aider à remporter la victoire.

À chaque déplacement, la jauge d'essence située en dessous des points de vie baisse en fonction des hexagones parcourus. Heureusement qu'il existe des camions-citernes pour faire le plein.

S'il est toujours possible de ravitailler son armée dans les villes, la gestion de celles-ci a été considérablement améliorée : désormais, elles sont auto-suffisantes car produisant l'énergie et le matériel (un nouveau type de ressource) à chaque tour. Aussi, l'énergie est partagée dans chacune des villes, peut être cumulé et utilisé ailleurs. En revanche, ce n'est pas le cas du matériel, qui est unique à chaque ville. Il est toutefois possible d'amener celui-ci à l'aide des cristaux d'aldinium (le fameux minerai de la série) qui peuvent être créé dans les usines. Autre point d'importance, la production d'énergie et de matériel est fixe et ne peut être améliorée. Ce qui fait que généralement, avec des besoins croissants en production et en réparation, vous risquerez d'être à court des deux (souvent d'énergie mais cela peut être réglé en capturant plus de villes).

En outre, les usines ont été séparées en trois catégories : les usines normales, les ports et les aérodromes. Chacune de ces usines peut produire un set d'unités prédéterminé, du moment que vous avec les ressources disponibles. Battle Isle 2 voit également l'apparition d'un nouveau bâtiment : l'université. Ce bâtiment ne produit aucune unité, ni de ressources (ce qui le rend peu efficace pour réparer les unités). En revanche, il peut à chaque tour augmenter le niveau d'expérience des unités présentes en sélectionnant l'ordre approprié (ce qui consommera un peu de ressources et passera le tour de l'unité).

Le contenu d'un bâtiment avec 16 slots pour accueillir les unités. Dans le coin supérieur droit se trouve les réserves d'énergie et matériel, ainsi que la production de ces deux ressources.

Le jeu ajoute une gestion de la météo : durant la mission, les conditions météorologiques peuvent varier. Cela peut aller du beau temps à la tempête de neige et aux pluies diluviennes. Ces changements climatiques influent grandement sur la bataille : la mobilité de votre armée s'en voit affectée, la ralentissant voire l'immobilisant ou bien lui permettant de traverser des terrains infranchissables autrement (une rivière gelée par exemple).

Autre nouveauté : les scènes de combats sont en 3D. À chaque engagement, une représentation des unités en trois dimensions ainsi que du terrain où ils se battent apparaît et montre le déroulement du combat. C'est assez impressionnant et bien fichu mais on va vite se rendre compte d'un problème avec ces scènes. Enfin, une musique vous prévient si l'attaquant prend ou non l'avantage.

Certes rudimentaire, la 3D du jeu est bonne facture et donne des combats assez bien fichus. En bas se trouvent des barres qui indiquent la puissance de chaque unité engagée. La toute dernière donne un aperçu du résultat.

Chaque unité dispose également d'avantages ou de pénalités : certains peuvent se replier après avoir attaqué, d'autres ne peuvent attaquer après avoir s'être déplacés, certains peuvent prendre des villes tandis que d'autres peuvent transporter une certaine charge et un certain nombre d'unités. Ces avantages et pénalités sont grandement utiles à apprendre afin de maximiser le potentiel de certaines unités.

Pour ce qui de l'histoire, rappelez-vous : Walter Harris a été kidnappé par le robot-pilote et rapatrié sur Chromos. La première scène que l'on voit (outre les logos de Blue Byte et du jeu) est le vaisseau qui atterrit dans une base secrète... oh, vous ai-je dit que le jeu contient des cutscenes entièrement animées, et montre Val Harris (son nom a été « drullisé » entre temps) conduit dans un bunker souterrain, où il se voit confier la tache de libérer Chromos du joug de Titan Net ?

Les scènes en images de synthèse sont plutôt bien réalisées et contribuent à l'immersion dans l'histoire.

Battle Isle 2 se veut plus scénarisé que son grand frère : la campagne principale (le cœur du jeu) est divisé en plusieurs chapitres, chacun introduit par une cutscene. Une description assez longue explique les enjeux des missions à venir et donne des indices sur ce que vous aurez à faire dans celles-ci. Des écrans explicatifs vous montrent parfois le matériel que vous aurez à commander avec toutes ses caractéristiques ainsi qu'une brève description. Enfin, dans la mission elle-même, des messages vidéo apparaîtront : il s'agit d'informations données par vos subalternes ou de menaces de vos adversaires. Tout ceci donne un côté vivant au jeu et parfois peut modifier le cours de la mission.

Les différents messages que vous recevrez vous mettront aussi bien dans l'ambiance que vous donner des conseils.

Une fois la mission de la campagne terminée, vous êtes récompensé par des points de campagne distribuables à chaque type d'unité (terre, mer et air). L'obtention des points s'effectue de la manière suivante en fonction du niveau d'expérience de chaque unité : 0 points pour les barres, 1 point pour les ailes avec une ou deux barres, 2 points pour les ailes avec trois ou quatre barres et 3 pour les deux derniers niveaux. Ces points sont répartis dans chaque armée et peuvent être utilisés sur les unités dans les bâtiments (toutefois, cela passera leur tour) pour gagner de l'expérience.

Puisqu'on parle de la campagne, le jeu est décomposé en plusieurs missions lors desquelles on affronte l'IA selon un objectif déterminé au début. Dans ces cartes, l'adversaire est généralement supérieur en nombre et assez compétent pour causer du souci à vos troupes. En revanche, il est assez bourrin et a une fâcheuse tendance à envoyer ses troupes à l'assaut. Du coup, la méthode la plus viable consiste à construire une solide ligne de défense et à contre-attaquer ensuite une fois l'ennemi affaibli.

Une situation typique des missions de Battle Isle 2 : vos forces sont limitées et l'ennemi possède 2 fois plus d'unités.

Pendant ces missions, on se heurte à l'un des problèmes du jeu : les tours de l'ordinateur sont lents, en grande partie à cause de deux éléments : premièrement, pour déplacer ses propres unités, l'ordinateur déplace le curseur. Donc, on voit le curseur aller d'un bout à l'autre et cela finit par prendre du temps. Deuxièmement, les écrans montrant l'issue du combat s'affichent aussi quand l'IA attaque. Et vite, avec la multiplication de ces écrans (assez longs en fait), le tour de l'IA devient vite lassant, surtout quand le nombre d'unités ennemies est important.

L'autre problème est que, malgré les efforts pour grandement faciliter la vie du joueur et rendre Battle Isle 2 plus jouable que son grand frère, le jeu reste quelque peu abscons, en particulier avec les unités. En effet, chacune d'entre elles dispose de son propre set d'armes qui ont une portée et une puissance différente, mais peut aussi attaquer des cibles différentes : certaines ne peuvent pas attaquer des cibles maritimes, d'autres aériennes et ce manque d'information peut être préjudiciable pour la stratégie à élaborer.

On ajoutera aussi que le jeu commence d'emblée avec la première mission de la campagne et pour accéder aux missions multijoueurs, il faut utiliser les fameux mots de passe, malheureusement non fournis, dans un menu bien caché. En fait, il est accessible uniquement en sélectionnant un hexagone, avant d'appuyer sur menu puis menu pour faire apparaître la fenêtre tant recherchée. Bref, le jeu manque encore d'ergonomie.

Malgré ces quelques problèmes qui obligeront le débutant (voire tout le monde en fait) à avoir le manuel des armes constamment sur les yeux et les quelques problèmes d'ergonomies, Battle Isle 2 représente un grand pas en avant dans la série sur de nombreux points. Pour beaucoup, c'est un grand wargame et le meilleur de la série. La même année, Blue Byte sortira une extension nommé Titan Legacy. Il reprend exactement le moteur de Battle Isle 2 mais avec de nouvelles unités, une nouvelle campagne (encore plus difficile que la précédente), de nouvelles cartes multijoueurs et surtout le netplay. Ces deux derniers points (surtout les cartes multi bien conçues) contribueront à rendre le jeu populaire chez les wargamers.

GLOIRE À ROOM !