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Les Schtroumpfs
Année : 1982
Système : Atari VCS, Colecovision
Développeur : CBS
Éditeur : CBS / Peyo / Belokapi
Genre : Plate-forme
Par JPB (24 décembre 2004)

En 1983, en France, la ColecoVision débarquait pour de bon et proposait des jeux vidéo sans commune mesure avec ceux qui existaient jusqu'alors. Graphismes éblouissants, mélodies enchanteresses, la console faisait rêver.

La boîte du jeu.

À cette époque, et encore plus pour les fêtes de fin d'année, c'était la ruée. Je me rappelle particulièrement bien de la FNAC de Clermont-Ferrand, qui alignait deux consoles Coleco à côté d'autres marques. On y voyait deux jeux et on pouvait surtout y jouer : Zaxxon et les Schtroumpfs. Moi qui avais 13 ans à l'époque, je préférais m'éclater à Zaxxon : je trouvais que les Schtroumpfs c'était pour les mômes... Mais quand la console était libre, j'y jouais quand même, debout dans la salle, avec plein de gens qui regardaient... C'était chouette !

La marque CBS proposait des publicités dans les journaux, et misait sur trois jeux pour doper les ventes : Zaxxon avec sa 3D, Turbo et son volant, les Schtroumpfs aux graphismes si jolis. Je regrette de ne plus avoir cette dernière pub, que j'avais trouvée dans un Pif Gadget et que j'avais affichée sur les murs de ma chambre, avec les autres. Si je l'avais encore, je vous l'aurais bien montrée.

Les écrans traditionnels de la Coleco... Souvenirs, souvenirs...

Enfin, je vais maintenant aller dans le vif du sujet : les Schtroumpfs, le jeu sur Coleco.
À noter qu'il s'agit d'un des rares jeux qui ne soit pas une adaptation d'une licence arcade.

Comme d'habitude, au démarrage de la console, les écrans présentant le jeu, puis le choix du niveau de difficulté parmi les 4 traditionnels apparaissent. Une fois que vous avez pressé la touche sur la manette... le jeu commence.

Cataschtroumpf ! La Schtroumpfette a été enlevée !

Inutile de demander par qui. Ceux qui diront Gargamel auront 10 points, ceux qui balbutieront "Azraël" 3 points, les autres, tant pis pour eux. L'ennemi juré des Schtroumpfs a capturé la petite Schtroumpfette (c'est fatiguant à écrire ces noms !) et la retient prisonnière dans son château.

Les Schtroumpfs, d'habitude, y vont en force ; mais là, ils décident d'en choisir cinq parmi les cent pour les envoyer, un par un, au secours de la Schtroumpfette. Le parcours sera sans aucun doute rempli d'obstacles. Mais il faut réussir !

Au départ du village. Un corbeau approche.

Saprischtroumpf, la route est longue !

Le petit Schtroumpf commence son périple au village. Il devra traverser plusieurs zones l'une après l'autre : la forêt, les champs, les cavernes, les champs près de chez Gargamel, une autre forêt, pour arriver enfin au château du sorcier.

La première zone : la forêt du village.
On peut sauter ou se coucher
pour éviter le corbeau.

Chacune de ces six zones, en fonction du niveau de difficulté, peut comporter entre un et quatre écrans. Dans tous les cas, le Schtroumpf démarre de la gauche de l'écran, et se dirige vers la droite. Bien entendu, ce n'est pas aussi simple qu'une simple petite promenade de santé.

Et puis c'est schtroumpfement difficile !

Premier adversaire, le plus sournois : le temps.
Le petit Schtroumpf dispose d'une barre d'énergie, qui diminue de manière régulière (aucun évènement ne vient changer sa vitesse). Cette barre oblige en fait le joueur à ne pas traîner : en effet, elle ne se régénère que lorsque le petit Schtroumpf change de zone. Or, comme je l'ai dit plus tôt, selon le niveau de difficulté, il peut y avoir jusqu'à quatre écrans entre deux zones différentes...

La deuxième zone : les champs.
Le corbeau est franchement collant
au niveau 4.

Au niveau de difficulté 4, il est clair que la marge de manœuvre pour atteindre la zone suivante est très mince.

Et puis Gargamel habite schtroumpfement loin !

Les différentes zones présentent toutes (sauf la dernière) un point commun : elles sont accidentées.
Ainsi, dans la forêt, le petit Schtroumpf doit sauter par-dessus des barrières ; dans les champs, des talus ou des herbes entravent la progression du petit héros ; dans les grottes, ce sont des stalagmites qui risquent de le faire tomber. Dans le château de Gargamel, par contre, il n'y a pas d'obstacles.

En fonction du niveau de difficulté, les obstacles sont plus ou moins difficiles, mais restent relativement franchissables. Ceux qui valent 200 points nécessitent un simple saut pour les passer, ceux qui valent 300 points demandent au petit Schtroumpf de faire d'abord un saut sur place pour pouvoir bondir ensuite plus haut.

La troisième zone : les grottes.
La chauve-souris remplace le corbeau.

Ce n'est pas que ce soit particulièrement difficile, mais des fois on ne fait plus trop attention et on tombe bêtement...

Et puis ces schtroumpfs de monstres sont vraiment schtroumpfants !

Les autres adversaires - physiques - sont plus ou moins présents. Encore une fois, cela dépend du niveau de difficulté.
- au premier niveau : il n'y en a pas.
- au second niveau, un monstre apparaît de la gauche de l'écran, va vers la droite en essayant de percuter le petit Schtroumpf puis disparaît à gauche de l'écran ; si le Schtroumpf meurt, le monstre ne réapparaît pas.
- au troisième, un monstre apparaît à chaque écran.
- au quatrième niveau, les monstres se jettent sur le petit Schtroumpf, mais sont capables de faire demi-tour pour le re-percuter dans l'autre sens. C'est à ce niveau que les monstres sont réellement les plus collants.

Quatrième zone : les champs...
... avec le château de Gargamel au loin.

Bien entendu, le petit Schtroumpf ne dispose pas d'armes. Il va devoir avancer au péril de sa vie. Il peut sauter par-dessus les monstres quand ceux-ci sont suffisamment proches du sol, ou se baisser pour qu'ils passent au-dessus de lui. Il peut enfin fuir, faire demi-tour, mais dans ce cas il n'obtiendra pas de points lors de saut d'obstacles.

Quand le petit Schtroumpf a réussi à franchir tous les obstacles, il arrive devant la Schtroumpfette : un saut sur le crâne (de qui d'ailleurs ? Il n'y a que Gargamel qui habite ici !), de là un saut sur la plate-forme, et ça y est : elle est sauvée ! Une petite musique se fait entendre et hop ! on recommence.

Et puis elle aurait pas pu faire gaffe, la Schtroumpfette ?

Il faut bien dire ce qui est : le jeu est pour les enfants. Même à l'époque, j'entends : le jeu est pour les PETITS enfants. C'est même écrit dans la doc : "Les niveaux 1 et 5 sont pour les débutants et les très jeunes enfants."

Sixième zone : le château de Gargamel.
La fin du voyage : la délivrance
de la Schtroumpfette !

Graphiquement, c'est la claque. On n'avait ja-mais vu ça. La Coleco était réellement impressionnante à ce niveau, il n'y avait qu'à comparer Donkey Kong par exemple dans les trois versions : VCS Atari, Mattel Intellivision, CBS ColecoVision. Je vous le dis, il n'y a pas photo : la Coleco enterre ses concurrents.

L'animation est simple. Sur écran fixe, le petit Schtroumpf et le monstre sont les deux seuls sprites présents, et ils n'ont que quelques mouvements. Quand le Schtroumpf atteint une extrémité de l'écran, celui-ci fait un scrolling rapide pour permettre d'arriver à l'écran suivant.

La couverture du Tilt n° 6.
Cliquez sur l'image pour l'agrandir.

La musique, enfin les musiques, sont très jolies. Il y en a trois, plus la musique de fin de jeu. Ce sont de vraies mélodies, alors qu'à l'époque on avait surtout des bruitages plus ou moins crachotants. Encore une fois, c'est une petite révolution.

Le maniement est des plus simples : on avance à gauche ou à droite, on saute en levant la manette et on se baisse en dirigeant la manette vers le bas. Le Schtroumpf réagit bien et vite, pas de temps mort. Des joueurs arrivent même à passer les obstacles qui valent 300 points en faisant un simple saut... ce qui est très difficile, même si ça ne sert à rien. Mais ça prouve que le maniement est excellent.

Le jeu est cependant extrêmement répétitif (même si à l'époque, vous avouerez que les jeux étaient tous assez répétitifs). Sans compter la facilité du jeu quand on ne joue pas au niveau 4, on se contente de passer d'un écran à l'autre, avec quelques petites différences entre les écrans de chaque zone. On retrouve par ailleurs deux zones identiques (deux forêts, deux champs), qui augmentent cette impression de répétitivité.

Cette facilité et cette répétitivité font qu'on s'ennuie vite, si on n'est pas un jeune enfant. Je dirais comme verdict que ce n'est pas un mauvais jeu, mais qu'il est réservé aux petits enfants. Des joueurs de plus de 8 ans n'y trouvaient pas leur compte... et de nos jours, personne ne s'amusera plus de 5 minutes avec.

Un p'tit Schtroumpf, deux p'tits Schtroumpfs, trois p'tits Schtroumpfs...

Les Schtroumpfs eurent rendez-vous avec la console ColecoVision en deux occasions : Papa Smurf's Treasure Hunt et Smurf Paint'n'Play Workshop. Pour autant que je sache, ces deux programmes ne sont pas sortis en France.

Les deux autres apparitions des Schtroumpfs sur Coleco.

Rendons grâce tout de même à Schtroumpfs : ce jeu fit beaucoup pour la console ColecoVision. Il fut tellement impressionnant qu'une partie de l'écran de départ fit la couverture du Tilt n°6. Dans ce journal, on trouvait aussi une petite "interview" de Peyo... prétexte pour un petit dessin d'un Schtroumpf qui s'amuse avec une Coleco !

Le petit article dans le Tilt n° 6. Cliquez sur l'image pour une version plus grande (2082x1365, 271 Ko).

Schtroumpfs fut adapté sur VCS Atari, voici à quoi il ressemblait (un grand merci à Bazino !) :

Je pense qu'il fut aussi adapté sur Intellivision, puisque très souvent les portages se faisaient sur ces deux consoles (les jeux sortaient avec trois couleurs de boîtes : gris pour Coleco, bleu pour Intellivision, rouge pour VCS). En revanche, je n'ai trouvé aucune référence sérieuse à propos de ce jeu sur la console de Mattel. à vos témoignages !

Schtroumpfs fut testé :
- dans le Tilt n°6 de Juillet-Août 1983 (Tubes, 6/6).

JPB
(24 décembre 2004)
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