Actualité de l'émulation [contenu fourni par Emu-France]
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Par JPB (19 octobre 2009)
Turbo, avant d'être une vitrine technologique pour la console Colecovision, était déjà un excellent jeu d'arcade. Et c'était aussi une vitrine du savoir-faire de Sega... mais il est vrai que cette société a fait de nombreux jeux d'arcade qui resteront dans les mémoires. En revanche, Turbo proposait des innovations intéressantes au niveau du gameplay, avec une course bien différente de celles qui étaient déjà sorties - et qui sortiraient par la suite. Mets le turbo !Turbo est une course de F1, hors circuit : on traverse de nombreux décors qui se succèdent rapidement, mais ces zones ne sont là que pour briser la monotonie (d'ailleurs c'est réussi) : même lors des tournants comme le bord de mer, il n'est pas nécessaire de braquer pour suivre la route. Le volant sert à déplacer la voiture uniquement pour éviter de percuter un concurrent ou le bord de la piste. Élément peu fréquent : le jeu est basé sur un compte à rebours, mais ce n'est pas le kilométrage qui est décisif. Non, ici, le but est d'arriver à doubler 30 voitures en un temps imparti de 99 secondes. Pendant cette étape, on peut toucher autant de concurrents qu'on veut, la pénalité est simplement (façon de parler) l'arrêt de la voiture. Un indicateur, en haut de l'écran, permet de savoir où vous en êtes : tant que les cases vertes ne s'éclairent pas, il faut encore doubler des concurrents ! Le joueur, soit assis dans la superbe version Sit-Down, soit debout devant les versions Cocktail ou Mini, va devoir faire de son mieux pour éviter et dépasser les concurrents. Il dispose pour cela d'un volant, d'un levier à 2 vitesses et d'une seule pédale d'accélération. Même s'il faut impérativement démarrer en vitesse lente, il faut rapidement passer en vitesse rapide pour commencer à doubler les autres voitures au plus tôt. Ce n'est évidemment pas aussi facile qu'il paraît : plus vous roulez vite et plus votre voiture avance, jusqu'à être à peu près à la moitié de la hauteur de la route. Alors forcément, il est bien plus difficile d'éviter les obstacles que lorsque la voiture démarre et se trouve tout en bas de l'écran ! De bons réflexes sont indispensables. Ensuite, on l'a vu plus haut : lorsque vous tentez de dépasser les voitures, le moindre choc vous fait faire un tête à queue et vous arrête. Il faut donc repartir, remettre la vitesse lente, et accélérer. À ce moment, prenez garde aux voitures qui surgissent du bas de l'écran et vous doublent, si elles vous touchent c'est reparti pour un tour ! De plus, ces voitures sont comptabilisées et du coup, les voitures qui vous dépassent font diminuer le compteur ! Il est donc possible d'avoir atteint le quota, et de retomber en-dessous suite à un accident. Quand ça arrive à 3 secondes de la fin du compte à rebours, c'est rageant ! Les décorsCertains décors sont plus délicats à traverser que d'autres. Le bord de mer est très difficile à passer, il faut rester en vitesse rapide pour ne pas se faire percuter par l'arrière, mais ne pas accélérer à fond : le tournant est tellement serré que la pleine vitesse vous met au niveau de l'apparition des concurrents. Enfin, lors d'une grande ligne droite, vous verrez soudain un drapeau jaune en haut de l'écran : c'est le signal que l'ambulance va faire son apparition. Le point positif, c'est qu'elle dégage un couloir rectiligne devant elle ; le point négatif, c'est qu'au bout d'un moment elle va accélérer comme une dingue, et là pratiquement aucune chance de l'éviter. Il faut donc arriver à profiter de sa présence, mais s'écarter suffisamment tôt pour ne pas se faire percuter et perdre le bénéfice engrangé jusque là. La réalisationVous qui voyez les captures d'écran en ce moment, vous ne pourrez pas dire le contraire : c'est joli. Chose amusante, le score est affiché sur un écran LCD à part, comme pour Buck Rogers Planet of Zoom - je ne l'ai pas affiché jusqu'ici, voici deux captures qui le montrent. Le principal atout du jeu étant les graphismes, il ne faut pas oublier non plus que l'animation est tout à fait correcte. Pour info, le CPU de Turbo est un Z80 à 4,992 Mhz. Le maniement de la voiture ne prête pas à la critique, votre bolide répond bien. Les concurrents sont dessinés par quelques sprites en fonction de l'éloignement, il y en a suffisamment pour ne pas se laisser prendre par surprise. Rien à redire pour le son, avec le bruit du moteur (samples), et les petits avertissements sonores quand on double. En conclusion (de la partie arcade du moins), Turbo est un jeu de course qui a révolutionné le style des jeux vidéo de course automobile. On peut lui reprocher une difficulté assez élevée (surtout lorsqu'on joue en mode avancé), mais c'est bien la seule chose à redire ! La difficulté n'a en tout cas pas arrêté Mace Triesman, qui a inscrit le record de 223 139 points le 01/07/1983... Les conversionsTurbo devait être porté sur la VCS d'Atari, l'Intellivision de Mattel, et sur la ColecoVision de CBS. Il existait également un clone de Turbo sur Commodore 64 : Death Race 64. Je reviens sur la version Coleco, qui était un des fers de lance de la console : elle intégrait le fantastique module n°2, le module de pilotage ! Oui, vous voyez bien : un vrai volant, avec une pédale pour accélérer !! L'ancêtre du Logitech G25, en quelque sorte...
Le volant fonctionnait avec 4 piles moyennes et se branchait sur l'interface à l'avant de la console. Ensuite, on mettait la manette n°1 dans le socle pour qu'elle serve de levier de vitesses. Ça avait un de ces looks : l'ancêtre du G25, je vous dis !! Ensuite, on lançait le jeu, et une fois de plus stupeur : les graphismes étaient vraiment proches du jeu d'origine. Une fois de plus, la Coleco se voulait vraiment LA console des jeux d'arcade à la maison. Les brochures qu'on dénichait dans les magasins, les pubs qu'on trouvait dans des magazines aussi divers que Tilt ou Pif Gadget... Tout cela alimentait le rêve, faisait baver, en tout cas moi, j'étais gamin à l'époque et oui, je bavais devant le volant. Parlons-en des pubs : il y en avait 3 bâties sur le même modèle : une pour Zaxxon, une pour Les Schtroumpfs, et une pour Turbo. Celle-ci faisait vraiment rêver : contrairement aux autres jeux, qui tapaient déjà dans les 400 - 500 francs, le module Turbo complet montait tout de même jusqu'à 900 francs, le double... C'était inaccessible, même pour moi... Et pourtant, oui, j'ai bien un module Turbo à la maison. Mais je l'ai racheté dans les années 2000 à un gars qui habitait près de chez moi, avec quelques jeux, pour une bouchée de pain. Pour finir sur la conversion Coleco de Turbo, sachez qu'il faisait partie des 30 cartouches nominées dans le Tilt n°8 de novembre/décembre 1983. C'était donc un des meilleurs jeux sortis jusque là. La récompense représentait en fait l'équivalent d'un Tilt d'Or, qui ne seraient créés que l'année suivante... Voilà, je vous ai raconté tous mes souvenirs liés à Turbo. Ceux des alentours de 1982 proviennent bien évidemment du jeu d'arcade auquel j'ai fait pas mal de parties, puisque vous l'avez lu : je n'ai pas eu le jeu version Coleco avant des années. Et pourtant, mon attachement à ce titre est peut-être plus lié à cette adaptation qui me faisait rêver, et à laquelle je n'avais pas la moindre chance de jouer, qu'à la version arcade qui était relativement difficile et à laquelle je jouais régulièrement à Clermont-Ferrand... Finalement, pour moi, Turbo c'est un peu un mythe... Un avis sur l'article ? Une expérience à partager ? Cliquez ici pour réagir sur le forum (31 réactions) |