Actualité de l'émulation [contenu fourni par Emu-France]
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Par Erhynn Megid (12 septembre 2016)
Note de l'auteur : Cet article est probablement le plus long que je n'ai jamais écrit et aussi l’un des plus personnels. Il retranscrit mon point de vue sur ce jeu, ainsi que le recul que j’ai pris dessus six ans après. Pourquoi ? Parce qu’Other M a plus ou moins mis la série Metroid dans le coma depuis sa sortie et que la Wii U comme la 3DS sont privées de véritables jeux « Metroid » tels qu’on les connait : la première a eu un mini-jeu Metroid dans NintendoLand, la seconde va avoir un spinoff multi-joueurs sans Samus. On raconte que c’est amusant de rejouer à un jeu que l’on n’aime pas. Demandez au Joueur du Grenier, à l’AVGN, à ProJared et j’en passe des centaines du même tonneau. Et qu’on y prend du plaisir en plus, parce que ça défoule de se moquer d’un jeu que l’on n’aime pas. C’est complètement faux. Oh, bien sûr, on peut se mettre en scène et hurler à la face du monde à quel point tel élément de gameplay ou telle décision scénaristique est stupide. Mais il n’en est rien. Oui, je n’aime pas Other M. Mais je n’ai pas décidé de ne pas l’aimer, il s’agit simplement de mon avis. Par le passé, j’ai détesté des jeux qui ne le méritaient pas forcément, comme Super Mario Sunshine ou encore (et surtout) Universal Soldier, sur Super Nes. Cette « chose » a beau être un plagiat immonde de Turrican II, il n’en reste pas moins qu’en dehors de ses horribles bruitages, le jeu est parfaitement maniable (au moins dispose-t-on d’un bouton de saut sur une manette plutôt que de la touche « Haut »). Il est même plutôt joli et grâce aux niveaux de Turrican II qui ont été recopiés, dispose d’un level design excellent... à l'exception des stages qu’Accolade a remplacés et dont la conception n’a absolument aucun sens. Il paraît même que certains membres de Factor 5 ont pleuré en voyant le résultat. On imagine que de son côté, Manfred Trenz, créateur de Turrican sur Commodore 64, devait avoir envie de se faire harakiri. Donc oui, je déteste Universal Soldier alors que pour quelqu’un qui ignore tout de Turrican II et qui joue en coupant le son (ou qui joue à la version GameBoy, bien meilleure), il passera sûrement un bon moment. Comble de la mauvaise foi : je le maudissais sur Super Nintendo, mais j’ignorais complètement que le jeu, pourtant au développement terminé, n’était en réalité jamais sorti ! Je ne l’avais découvert qu’en émulation, des années après avoir fini la version GameBoy, supérieure à mes yeux même si elle ne contient pas les niveaux en vaisseau. Le sujet du jour est bien plus délicat qu’un simple plagiat éhonté de ma série adorée. Affronter Metroid: Other M, c’est casse-gueule pour moi : j’aime Metroid, j’adore cette série presque autant que les Turrican et je ne veux en aucun cas me défouler sur Other M. Car sous mes airs de bourreau qui n’attend que le signal pour décapiter ce jeu, j’ai quand même un brin d’humanité. Pour vous donner une idée de mon état d’esprit, Metroid, c’est ma deuxième saga préférée de jeux vidéo. Et Samus, l’héroïne de cette saga, c’est un de mes personnages de jeu vidéo préféré. Est-ce idiot d’aimer un personnage qui ne s’exprime quasiment jamais dans un plateform-shooter ? Assurément ! Mais c’est comme ça et je ne l’explique pas. Il y a bien des gens qui aiment Pulp Fiction, et personne n’en fait un fromage. L’héritage de la Chasseuse de PrimeLors d’une interview à la Games Developper Conference en 2010, Yoshio Sakamoto, le co-créateur de la série, a affirmé que la trilogie Prime n’était pas canonique et qu’il fallait plutôt se dire qu’elle avait eu lieu dans un univers parallèle. Par conséquent, il a viré d’un geste de la main cinq ans où on l’a aidé Samus dans sa lutte contre le Phazon et son double, Dark Samus. On a souffert avec elle dans son casque, on a vu son visage être de plus en plus défiguré par le Phazon, on l’a vu assister à l’agonie de ses compagnons et rivaux, impuissante mais bouillonnante de colère. Puis on a affronté Dark Samus dans un combat épique contre la montre. Même à travers l’opus Hunters sur DS, l’univers de la série Prime s’était étendu, et ce jeu inspirera d’ailleurs la présence d’autres chasseurs dans Prime 3: Corruption.Le site Kotaku a d’ailleurs fait un énorme dossier (en deux parties) qui décrit l’univers particulièrement riche de la série Metroid, combinant la série officielle et la série Prime, à cette adresse. Faut-il donc dire au revoir à la série Prime ? Pas vraiment : dévoilé lors du Nintendo Digital Event de l’e3 2015, Metroid Prime: Federation Force semble avoir dépassé Other M sur tous les points en matière de feedback négatif, alors même qu’un extrait de gameplay d’une heure a été montré. Vu d’un très mauvais œil et absent de toute communication de Nintendo depuis juin 2015, Federation Force est un jeu online en coopération où les soldats de la Fédération Galactique partent à la chasse aux monstres dans l’univers de la série Prime, jeu dans lequel Samus n’est pas jouable. Suite à la douche froide qui a suivi la présentation du jeu, Kensuke Tanabe, le producteur des Prime, a déclaré qu’il ne fallait pas attendre la Wii U pour revoir Samus mais plutôt la NX, ce qui n’a en rien calmé les fans qui ont donc vu disparaître tous les espoirs de voir arriver un véritable Metroid classique sur 3DS et Wii U. Pourquoi parler autant de la trilogie Prime ? Parce que c’est l’héritage que va se coltiner Other M, presque systématiquement comparé à ses trois ainés les plus proches. Papa, comment on fait les Metroid ?Pour aborder Metroid Other M, on a souvent dit qu’il fallait « revenir aux sources », un terme que tout le monde, ou presque, aura aux lèvres en voyant Samus se déplacer en vue de profil : retour du gameplay en vue externe et en tenant la Wiimote à l’horizontale, comme dans Metroid sur Nes, tout en se dirigeant en 3D, avec la petite croix directionnelle de la Wiimote. Si cette jouabilité pouvait faire craindre le pire, notamment en ce qui concerne la visée ou encore la gestion du déplacement dans l’espace (quid de la précision ?), ce n’est rien comparé aux nombreuses interrogations que le jeu suscite au fil de ses annonces. Ce n’est pourtant pas une première pour la série de souffler le chaud et le froid dès son annonce ! Et Other M n’est pas plus un retour aux sources qu’un autre Metroid, comme vous allez vous en rendre compte.Metroid Prime a lui aussi provoqué nombre d’inquiétudes. C'était une toute nouvelle approche pour la série : vue interne, exploration à la première personne... un véritable défi pour Retro Studios qui leur a valu de nombreuses sueurs froides et des rapports difficiles avec Nintendo. Mais cela a payé. Bien des gens craignaient que la vue « FPS » soit une trahison mais ces doutes se sont très vite envolés, car même si le jeu n’avait pas été en vue à la première personne, il n’en serait pas moins un Metroid que le produit final : dans Metroid Prime, Samus est seule sur une planète gigantesque marquée par le passage des Chozos, un peuple extra-terrestre d’explorateurs. Comme dans tous les autres opus de la série, on y récupère des améliorations qui permettent d’explorer plus en profondeur la planète, on effectue nombre d’allers-retours et on finit par faire sa fête au boss de fin dans un affrontement épique, mais souvent après avoir déniché le moindre passage secret à l’aide de son équipement désormais capable de tout. Bref, Metroid Prime est Metroid, sur absolument tous les points (on entend ici et là que le jeu est presque un remake « FPS » de Metroid et de Super Metroid, c’est dire !). Vous l’aurez compris : Metroid Fusion est Metroid. Certes, il aime prendre son temps et tape souvent la discute, mais il reste définitivement Metroid. Vous vous demandez où je veux en venir ? Aucun Metroid n’est un véritable « retour aux sources » du premier ou de Super Metroid. Qu’il soit dirigiste (Metroid II, Fusion), libertin (Metroid, Super Metroid) ou encore en 3D vue FPS : le Metroid vous fournira toujours le même plat, avec des variations plus ou moins importantes. Vous finirez quand même vers la fin du jeu par fouiller le moindre décor pour trouver des améliorations de santé, de quoi agrandir le stock de missiles et de bombes de puissance, découvrir un petit passage secret qui permet de débloquer un raccourci, le tout avec une montée en puissance très appréciable... C’est ça, l’ADN de la série. On ne peut pas faire de « retour aux sources » de la série puisqu’elle a toujours été ancrée dans ses sources. Les seules choses qui ont changé sont la semi-linéarité et le point de vue de la caméra. On l’oublie souvent d’ailleurs, mais Metroid ne fait qu’exacerber le concept qui provient à l’origine de Zelda sur Nes, sorti six mois avant. Comme dit plus haut donc, lorsque Metroid Other M (ou MOM) est annoncé dans un trailer très court, nombre de personnes le présentent comme un retour aux sources mais avec des éléments de Metroid Prime : on y voit le joueur passer en vue FPS pour tirer un missile sur un boss qu’il vient de geler avec le Ice Beam. Et Samus fait aussi des prises de catch sur les monstres. Euh... ok. C’est un retour aux sources ou une nouvelle orientation ? Le premier contact (avec une qualité vidéo relativement affreuse pour couronner le tout) est donc plutôt glacial – en tout cas pour moi. L’annonce du développement par la Team Ninja (Ninja Gaiden, Dead or Alive) ne me rassure guère, même si l’expertise du studio en matière de jeu de combat et de beat’em all n’est plus à prouver. Je m’en vais donc râler tout ce que je peux sur ce qui a été montré dans ce trailer, notamment sur ces satanées « prises de catch » et l’aspect visuel, que je trouve plutôt hideux (merci la résolution de la vidéo). Puis, à force de discussions sur un certain forum de pixels en surpoids, je finis par voir en lui comme une sorte de Super Metroid en 3D. En témoigne la vue à la troisième personne, permettant de de retrouver certains pouvoirs absents de la trilogie Prime comme le Speed Booster et le Shinespark. Other M, c’est Super Metroid qui rencontre Metroid Fusion, le tout saupoudré de quelques nouveautés comme des cutscenes et des cinématiques en images de synthèses. Étant donné mon amour pour ces deux jeux, MOM aurait dû être le meilleur des deux mondes : du scénario, de l’exploration, de l’action, de la tension... et on a été servi ! Un peu trop sur le côté scénario et la tension, mi-figue mi-raisin pour l’action, et beaucoup moins sur l’exploration, pourtant LE point fort de la série. Après ce long prologue (à peu près aussi long que celui du jeu), découvrons ensemble ce qu’il en est. Pour comprendre Samus, lisez le manga sorti uniquement au JaponVoilà pour le contexte dans lequel ce nouveau Metroid est arrivé et comment j’ai craint le pire. Même après l’achat, j’avais un très mauvais pressentiment, qui s’est avéré dès que j’ai eu le jeu en main. J’y ai joué pour la première fois chez un ami à Orléans, amenant mon disque fraîchement acheté. L'ami a d’ailleurs vite reconnu la patte « Team Ninja » sur la poitrine de Samus sans son armure lors de la superbe cinématique d’introduction, qui permet d’entendre la voix américaine de Samus, doublée par Jessica Martin. Son travail est plutôt convainquant, les seuls reproches que j’aurai à lui faire seraient plutôt liés au script plutôt qu’à sa voix. Juste à la fin de la cinématique d’ouverture, le joueur est ensuite confronté à... un tutoriel. Obligatoire.Oui, un tutoriel imposé. Contrairement à tous les autres Metroid, on ne laisse pas le joueur découvrir petit à petit ses pouvoirs sur le terrain dans un environnement relativement calme. La raison à cela, c’est principalement à cause de la jouabilité très particulière du jeu. Le tutoriel est vite expédié et on découvre que Samus a déjà tout son équipement de Super Metroid. Profitez-en bien car comme dans tous les Metroid, ça ne va pas durer. On y découvre donc les contrôles en étant obligé de réussir chaque commande sous peine de rester dans cet horrible décor jusqu’à ce que vous éteignez la console. Que Samus ait conservé une bonne partie de son équipement de Super Metroid, ça, c’est génial. Mais c’est aussi, à mon avis, la pire idée du jeu. À la fin du tutoriel, un cliché de scientifique Japonais qui manigance des choses pas nettes et aux verres de lunettes qui brillent de façon dramatique, explique que sa combinaison a été entièrement nettoyée des traces que le Super Metroid a laissées lorsque son corps, au moment où Mother Brain l’a pulvérisé. C’était grâce à l’ADN du Super Metroid que Samus pu déclencher l’Hyper Beam, annihilant le boss final du jeu. Je pinaille vite fait sur ce point : vu que l’armure de Samus ne peut pas être « détachée » de son corps puisqu’elle se matérialise et dématérialise uniquement quand Samus le permet, on ne sait pas comment ce scientifique s’y est pris pour décontaminer l’armure de Samus à son insu. Elle l’aurait fait elle-même comme dans Metroid Prime 3: Corruption, c’eût été crédible et aurait donné un impact plus grand à ce qui suit : c’est à ce moment que Samus réalise que tout ce qui la rattachait au bébé Metroid est perdu pour toujours. Elle nous livre le terme qui va revenir environ onze (11) fois avant que le joueur n'arrive dans la première véritable zone du jeu : « le bébé ». Alors oui, là, comme toute personne qui n’est pas au courant, vous êtes dans une des trois situations ci-dessous : A : Vous vous dites que Sakamoto a voulu nous faire comprendre quelque chose de plus profond mais connaissant la série des Metroid et plus particulièrement les jeux Nintendo, ce n’est pas ce à quoi vous pensez, qu’aborder pareil sujet serait plutôt... surprenant. Pas gênant, mais surprenant pour un jeu Nintendo. Et vous espérez que le sujet sera bien traité (spoiler : non). Si vous êtes dans le premier cas de figure : bravo ! Car Samus est stérile et ne pourra donc jamais enfanter. Et non, ce n’est jamais indiqué dans le jeu. Dans aucun jeu. Pas même dans Fusion. Pour le savoir, il fallait lire le manga Metroid Other M : Premiere Edition. Je précise que ce manga n’est sorti qu’au Japon. Et pour remercier ceux qui ont le culot de ne pas comprendre le Japonais, les Européens et les Américains devront subir nombre de « le bébé » et autres références que seuls les lecteurs du manga peuvent comprendre, rendant des situations énervantes ou particulièrement incongrues alors que ce n’était pas le but prévu. Un peu comme être mort de rire devant la fin du Labyrinthe de Pan ou la Liste de Schindler. Et ce n’est qu’en 2015, soit cinq ans après la sortie du jeu et en fouinant avant de faire cet article que j’ai appris ça. Donc oui, ça explique beaucoup de choses. Two buttons, one girlComme dit plus haut, Samus est uniquement contrôlée avec la Wiimote tenue à l’horizontale comme plusieurs jeux sur Wii, notamment Super Paper Mario dont la jouabilité est très proche de celle d’Other M. Les déplacements de Samus sont plutôt rapides et contrairement à ce qu’on pouvait craindre, ne posent que peu de soucis malgré la petitesse du d-Pad sur la Wiimote, même quand on a un gros pouce. Pointer la Wiimote vers l’écran fait alors passer la vue en mode FPS, permettant d’observer les lieux sous un tout autre angle. C’est l’unique façon d’observer les décors, mais aussi l’unique façon de tirer un missile sur un ennemi, et pire encore, d’utiliser le grappin ! Il est d’ailleurs impossible de se déplacer en vue interne, seulement d’effectuer un mouvement d’esquive peu intuitif et encore moins réactif : en 25 heures de jeu, je n’ai réussi à le faire que six fois. La phase d’enquête est très particulière : il s’agit de pointer un élément de décor en vue interne pour faire avancer le jeu. Et tant que l’élément (tâche de sang, morceau de tissu, etc.) n’est pas découvert, Samus reste dans cette position, comme paralysée. La surprise viendra du fait que parfois, il faudra mettre le curseur au bord de l’écran pour tourner sur soi-même et s’apercevoir que ce qu’on cherchait était derrière nous. Construits pour instaurer une tension, ces moments s’avèrent régulièrement pénibles tant qu’on ne trouve pas l’objet qui devrait pourtant être évident et qui pourrait aussi être facilement visible si Samus utilisait son scanner, chose qu’elle ne fera que deux ou trois fois dans le jeu et sans le permettre au joueur. Cela casse brutalement l’ambiance et le rythme, on en vient à se demander si on n’est pas atteint d’une chute de QI quand on trouve enfin LE truc qu’il fallait (la palme revient à l’élément qui doit mesurer à peu près deux pixels). Et surtout : on joue à Metroid ou à Professeur Layton ? Je disais qu’il n’existe aucun objet de régénération : c’est lié à une nouvelle mécanique de gameplay qui permet de recharger ses missiles en levant le canon vers le ciel, tel le héros de Boktai levant son Solar Gun pour le recharger. En cas de situation critique et uniquement dans ce cas, on peut également régénérer ses points de vie. En ce qui concerne le tir, Samus oriente automatiquement son arme sur les ennemis : il ne reste plus qu’à tirer. Cela peut parfois donner lieu à des moments « badass » où Samus dézingue une dizaine d’insectes en ne faisant que pilonner le bouton de tir, mais d’un autre côté, le jeu n’a plus beaucoup de challenge à proposer en dehors des boss. Si les ennemis « normaux » sont déjà devenus plutôt complètement inutiles car ils ne délivrent plus la moindre ressource, munition ou énergie, combattre les ennemis un poil plus costauds incite très fortement le joueur à faire des « finishers », des mouvements où Samus effectue une animation classe pour achever l’ennemi, sans quoi le combat va devenir très long. Je déteste l’autorité (Samus Aran, Metroid Fusion)Quelques instants après son arrivée dans la Station Biberon, Samus se retrouve face à une troupe de soldats de la Fédération Galactique déjà sur place, menée par Adam Malkovitch, mentor et figure paternelle de Samus... ou pas ? Parce que Samus a été élevée par les Chozos après l’attaque de Zébès par les pirates de l’espace, où Ridley tuera les parents de Samus sous ses yeux (mais pour le savoir, il fallait lire un manga sorti en 2004, j’y reviendrai aussi). Bizarrement, Samus est très silencieuse sur les Chozos dans Other M, alors que ce sont ceux qui ont conçu l’armure de Samus et développé un savoir énorme, qui ont créé les Metroid pour lutter contre les parasites de la planète SR388 (parasites qui seront au cœur de Metroid Fusion)... Bref, les Chozos font partie intégrante de l’univers de Metroid, série canonique ou non (ils sont particulièrement présents dans la trilogie Prime, et leur background est très riche... dommage, la série n’est pas canon). Eh bien, dans Other M, ils ne sont tout simplement jamais mentionnés ni même vus. Après avoir atteint une salle de contrôle depuis laquelle Adam supervisera toute son escouade, il confie une tâche à chacun, dont Samus, qui accepte bien entendu en pointant son pouce vers le bas. Mais Adam incite toute l’équipe à ne pas utiliser le maximum de leur armement : ils pourraient infliger des dommages irréversibles à la station et aux potentiels civils survivants. Samus en profite donc pour ne pas activer ses bombes de puissance et ses tirs trop puissants comme par exemple le rayon Plasma. Et vous savez quoi ? Bien que je trouve cette idée assez stupide d’un point de vue gameplay (j’y reviendrai aussi, un peu de patiencenbsp;!), je suis plutôt d’accord avec ça. Le problème est que cette justification scénaristique va apporter plusieurs situations un tantinet absurdes. Dans un des trois secteurs de la Station Biberon, Samus se retrouve dans une zone de chaleur intense. Toute personne qui a déjà joué à un Metroid sait par expérience qu’il faut alors faire demi-tour car l’armure de base de Samus ne la protège pas contre les températures extrêmes et cela draine son énergie rapidement. Sauf qu’ici, il faut obligatoirement traverser la zone en question ; il n’y a pas d’autre solution. Et ce n’est que lorsque Samus sera face au boss de la zone dans une situation critique, qu’Adam va lui ordonner d’activer immédiatement... la Combinaison Varia, qui la protège des chaleurs extrêmes. A : Alors que votre corps est en train de fondre dans la lave suite à un saut raté, vous vous rappelez qu’Adam ne vous a jamais interdit d’activer la Combinaison Varia et que ce serait bête de ne pas l’activer maintenant. Et puis vous allez blesser qui à activer une protection contre les chaleurs extrêmes ? Si vous répondez la réponse B, bravo ! Votre camisole collector Les Rotules Barbantes© vous attend dans le camion avec les hommes en blanc ! Bon, plus sérieusement, que vous répondiez A, B ou C, vous avez raison. Évidemment. Mais j’ai toujours trouvé cette idée parfaitement stupide car cela nous fait comprendre que Samus aurait pu le faire dès le début ! Retro Studios avait fait débuter Samus en combinaison Varia dans les trois Metroid Prime, même si dans le premier, suite à de graves dégâts, elle perdait cette fonction dès le début, d’un point de vue scénario il est stupide de se dire qu’on a été obligé de traverser un secteur entier en souffrant parce que Madame n’avait pas envie d’appuyer sur « Varia » sur sa combinaison. Et pourquoi j’insiste sur ce point ? Un peu de patience, j’y arrive juste après. Bon, soit, ce n’est qu’un seul passage dans le jeu, pas besoin d’en faire tout un plat. Oui, Samus est complètement stupide et ça me chagrine beaucoup parce que j’adore Samus. Alors que se passe-t-il plus loin dans le jeu ? Oh, Samus doit traverser un secteur entier sous une puissante gravité, affronter Nightmare, un boss qui manipule la gravité (que l’on reverra dans Fusion), et ce n’est que lorsqu’il y aura un trou dans la coque de la station qui aspire tout dans le vide intersidéral que Samus active la fonction « Gravité » pour éviter d’être expulsée dans l’espace et pour se déplacer librement dans le secteur à lourde gravité. Ce qu’elle aurait pu faire avant d’y entrer puisqu’elle avait déjà cette fonction. Depuis le début. Le début du jeu. A : Vous apprenez le Japonais et envoyez une lettre à Sakamoto pour connaître ses gouts en alcool. Oui, c’est lui qui a décidé de mettre ces « activations » de pouvoir, pas la Team Ninja, qui a essuyée une « shit storm » des plus terribles et a déclarée officiellement que c’était Sakamoto qu’il fallait accuser, pas eux. B et C : Vous avez encore raison ! Mais si j’accorde « tant d’importance » à l’histoire du jeu et que cette justification scénaristique ruine tout pour moi (si vous ça ne vous gêne pas, tant mieux !), c’est tout simplement parce que ce le jeu me l’impose. Other M ne vient pas vous caresser tendrement pour vous laisser vous débrouiller si vous en avez assez de subir les monologues de Samus, ses lamentations sur le bébé et à quel point Adam est grognon et qu’il fait agrougrou dans son coin, que c’est un génie militaire etc. etc. : vous devez le subir. Comme déjà dit plus haut, il est impossible de couper ces dialogues ni aucune cinématique tant que vous n’avez pas fini le jeu. Donc si le jeu veut me force à regarder, ou plutôt subir ces moments, alors j’attends de lui qu’il ne me prenne pas pour le dernier des imbéciles et qu’il ne fasse pas passer Samus pour une guerrière sans le moindre QI, ce qu’elle n’est pas. Je survole un dernier point sur le scénario ; le personnage du Deleter, qui sera complètement ignoré dans le dernier tiers du jeu, ce dernier abandonnant même de révéler son identité et puisque certains personnages disparaissent sans que l’on sache de qui il s’agit, il devient presque impossible de savoir qui il était. Une seule certitude : il aurait fallu être un sacré imbécile pour imaginer pouvoir arrêter Samus avec un piti pistolet. Ridley lance Grozyeux ! C’est très efficace !Et puisque l’on est dans la polémique, autant terminer avec les deux derniers points maintenant : lorsque Samus se retrouve nez à museau avec Ridley, son ennemi juré et qui a tué ses parents sous ses yeux, Samus est victime d’un trouble de stress post-traumatique et se révèle incapable de l’attaquer, se met également à pleurer et se revoit, enfant, face au monstre. Ce dernier en profite pour l’avoiner généreusement et utiliser l’armure de Samus pour faire de belles rayures sur les murs à pleine vitesse. Ce n’est que suite à un nouveau drame que Samus reprend ses esprits et active le Plasma Beam, seule arme efficace contre Ridley. S’ensuit un affrontement épique où Ridley profite d’un design des plus réussis (sauf pour la gueule que je trouvais bien plus réussie dans la trilogie Prime). Mais tout cela n’a pas été accueilli de la plus belle façon qui soit, car si l’affrontement est excellent, le trauma de Samus et le chemin que Ridley a parcouru dans Other M ont suffi pour noyer ces points positifs aux yeux de nombreux joueurs. Le débat est d’ailleurs toujours très vif dès que le sujet est abordé. Ce passage de trauma dans Other M est surprenant à plus d’un titre : pour qui connait la série, on sait que Ridley est un ennemi récurrent, que c’est un vil coquin et que Samus n’a qu’une envie, lui donner un traitement à base de missiles et de rayon plasma. Pourtant, si on fait abstraction de ce passage, même la façon avec laquelle cet ennemi est abordé dans ce jeu est pour le moins... étonnante. Tout commence par une minuscule créature poilue qui apparaît au détour d’un couloir et qui semble mignonne, si on laisse de côté sa dentition particulièrement affreuse. Puis on se retrouve face à un lézard énorme qui possède la même queue que Ridley, que l’on affrontera en vue interne uniquement au cours d’un combat dont la durée rend l’affrontement assez ridicule. Une fois la bête repoussée mais pas vaincue, on trouvera le corps de la petite peluche précédente complètement vide, montrant qu’elle a tout simplement « évoluée ». Et ce lézard devient... Ridley. Euh... ok, pourquoi pas, c’est juste que jamais dans la série n’est évoqué le fait que Ridley « évolue » tel un Pokémon. Sakamoto aurait conservé l’idée que Ridley fut cloné dans la trilogie Prime que ça m’aurait parfaitement convenu (et puis le look de sa version lézard est vraiment hideux). Petit aparté : dans le joli manga Metroid sorti pour accompagner Metroid: Zero Mission, on apprend donc que Samus a été élevée par les Chozos suite à l’attaque de Ridley qui a décimé toute la colonie où vivait Samus, dont ses parents, sous ses yeux. Ce soir je serai la plus belle pour aller blasterBon, je ne vais quand même pas passer mon temps à critiquer tout ce qui ne me plait pas dans ce Metroid, surtout quand en réalité, avec le recul que j’ai pris depuis ma dernière partie, je comprends parfaitement le point de vue de mes opposants (point de vue exposé d’ailleurs dans les petits QCM de cet article, machiavélique que je suis). Il me reste deux points à aborder et ils concernent tous les deux la réalisation : la musique-euh (oui, la musique !) et les graphismes. Et cela reste des points relativement peu importants à mon sens mais qui méritent malgré tout d’en parler. J’étais plutôt refroidi par la toute première bande annonce, particulièrement moche et compressée à des taux un tantinet trop élevés. Au fil du temps, les prises de catch de Samus ne me gênaient plus vraiment et j’ai même fini par admettre qu’elles avaient de la gueule finalement, si ce n’est qu’on finit inévitablement par les voir en boucle. Cependant, après une trilogie Metroid Prime qui exploitait avec brio la GameCube et la Wii, je dois avouer que MOM souffle parfois le chaud et très souvent le froid. La modélisation de Samus, avec ou sans armure est excellente et reprend bien entendu son design de jeune femme aux longs cheveux blonds adopté depuis Metroid Fusion (même si j’aime bien son look actuel, je regretterai toujours la version très réaliste de Samus dans Metroid Prime). Côté musiques, on oscille entre le bon et le très moyen, voire si discret qu’inaudible. Après cinq ans de Prime, Fusion et Zero Mission, Kenji Yamamoto cède la place à Kuniaki Haishima. Je disais au début de l’article qu’Other M marquait un détachement complet avec ses prédécesseurs dès l’écran titre et sa bande son ; cela se ressent aussi tout au long du jeu. Les musiques se prennent parfois des airs « militaires » pour présenter l’escouade d’Adam Malkovitch, du violon pour parler de Samus et son chef et des airs d’ambiance extrêmement faibles pour les différents secteurs de la station. Seuls les thèmes des boss viendront mouvementer un peu le jeu, même si là encore, rien d’inoubliable ne viendra flatter vos oreilles. Un résultat difficilement comparable à n’importe quel opus de la série. Pas mauvaise, la bande son est juste très générique mais sait au moins rester dans l’ambiance, et c’est son rôle premier. Signalons que Kuniaki Haishima a principalement travaillé sur la bande son d’animés (dont Macross Zero), des live action et aussi sur Forbidden Siren 2 sur PS2. Le passé est un prologue (Samus Shakespeare)Quel avenir pour la saga Metroid ? Seuls Kensuke Tanabe et Yoshio Sakamoto nous le diront, mais les deux gaillards ont chacun eu leur dose de tomates périmées à la figure, à tort ou à raison. Other M aura vu naître quelques gags potaches et autres « YouTube Poop », mais aussi une excellente parodie de la fonction « The Movie » que le jeu propose une fois terminé. Nommée « Other M: The ReMovie », elle consiste simplement en un nouveau sous titrage du film doublé en Japonais, où Samus prend d’elle-même l’initiative de désactiver pratiquement tout son équipement afin de faire un speedrun du jeu avec un pourcentage le plus bas possible (plus connu sous le terme Low%), et où Adam exige qu’on lui trouve son cadeau d’anniversaire perdu dans la Bottle Station. La bande annonce du jeu est probablement ce qu’on a eu de plus proche d’une adaptation live du jeu (avec pour thème What’s Past is Prologue, de William Shakespeare, que Samus reprendra dans ses monologues), même si certains fans se sont donnés de grands moyens sur le net, notamment Metroid: The Sky Calls, un court métrage saisissant où Samus explore d’étranges ruines extra-terrestres. On peut même y voir un rapport de mission de Samus, ce qui fait penser à Metroid Fusion et Other M. Preuve s’il en est que même si la série n’a jamais été parmi les plus vendues de Nintendo, la licence est toujours dans le cœur des joueurs. Il est acquis que Samus va revenir tôt ou tard... Terminons par une anecdote pas piquée des Metroides : Reggie Fils-Aimé, actuel président de Nintendo of America, se promenait sur le stand de l’e3 en 2014. Soudain, son regard s’oriente vers les écrans d’un jeu qui ressemble drôlement à Metroid sur Nes. Son nom ? Axiom Verge. Il est développé en solo par Thomas Happ depuis cinq ans. Sony lui a filé un coup de main à condition qu’il sorte le jeu en exclusivité temporaire sur PS4. Étonné par la ressemblance troublante, Reggie dit alors à Thomas Happ : « Dis donc, ça ressemble beaucoup à Metroid ! » Avant même que Happ ne puisse répondre, un autre exposant de l’e3 lance : « Normal, vous n’en faites plus. Faut bien que quelqu’un d’autre s’en charge ! » Après quelques discussions avec Nintendo, le jeu sortira courant 2016 sur Wii U. Un jeu M.B. (Madeline, experte en jeux de mots)Voilà, c’est fini. Alors, est-ce que malgré tout ça, j’aime quand même Other M, finalement ? Non. Je rejoue toujours aux Metroid, fussent-ils vieux ou avec une jouabilité vieillotte. Mais lui, trois fois m’ont suffi. On m’a souvent dit qu’Other M et Fusion étaient très similaires et que par conséquent, si j’aimais l’un, je devais aimer l’autre. J’admets sans aucun problème que Fusion et Other M ont énormément de choses en commun mais à mon sens, Fusion dispose d’un rythme éminemment mieux dosé, que les combats sont loin d’être inutiles ou de ne demander aucun talent quelconque. Enfin, c’est le traitement de Samus qui me fait aimer Fusion et non Other M. See you next mission... ? Sources, remerciements, liens supplémentaires : Renseignements & informations :
- Metroid-Database.com - PlanetZebes.com - Moiouunautre (GrosPixels) - TvTropes.org - Metroid Other M : The (Re)Movie : NathonMk7 (lien Youtube) - Metroid: THE SKY CALLS : RainfallFilms (lien Youtube) - When Reggie met Axiom Verge : Sup’ Holmes? (lien Youtube). Utilisation des images : - Bottleship : Metroid.Wikia.com - Anthony Higgs is remembered : Knowyourmeme.com - Images d’Adam Malkovitch du manga et de Metroid Other M : Metroid.Wikia.com - Captures d’écrans : MobyGames, GamesRadar. Envie de réagir ? Cliquez ici pour accéder au forum |