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Souvenirs de Grospixeliens
Ce dossier est le récapitulatif d'un concours lancé début 2005 sur le forum de Grospixels. Il s'agissait pour les participants de raconter leur vie de joueurs dans un essai d'environ 4 pages. Cher lecteur, ne manque surtout pas de lire ces textes qui sont tous passionnants, vivants et la plupart du temps plein d'humour.

Les souvenirs de... NesLP

=== Parcours d'un gamer ===

** Insert Coin **

Au plus profond de nous sont enfouis nos souvenirs. Tel un journal de notre vie, cette accumulation faussement hétéroclite d'émotions est notre patrimoine le plus précieux. Nous ne construisons pas nos souvenirs, ILS nous construisent. Pour les nostalgiques comme moi, qui cultivent la mélancolie que peut générer le rappel de plaisirs lointains, disparus, faire resurgir ses souvenirs d'enfance est un plaisir.

Une mélodie, une odeur familière, repasser par des lieux que l'on a longuement fréquentés, tout cela peut générer des flashs d'une grande violence. L'état mélancolique généré par ces émotions peut vous envelopper tout entier et vous transporter, telle une machine à remonter dans le temps.

Tiens, par exemple, lorsque je relis un vieux magazine tel que "Tilt", je perds 20 ans, me retrouve en tee shirt orange avec une veste en jeans pleine de pins et un casque de walkman autour du cou. Dans mes poches, une poignée de "Mentos" au goût bien chimique de pomme verte et une cassette de "Metallica" (un groupe d'ados californiens qui jouent de la gratte comme personne).

Ces brèches spatio-temporelles j'arrive aussi à les ouvrir lorsque je lance MAME, ce fabuleux émulateur dont je suis un fan de la première heure, pour une partie de Galaga, Donkey Kong ou Space Invaders.

Tiens oui, Space Invaders, ça y est : je suis en sandales, à peine assez haut pour voir l'écran, il fait chaud cet été et la sono de la salle de jeu du camping crachote les tubes de l'été : Supertram, Buggles ("video killed the radio star"), Rod Stewart et Blondie tournent en boucle. Plaquée contre un mur de cette salle, une borne d'arcade, placée de manière incongrue entre le baby et le billard, joue l'intrus. Tous les jeunes s'excitent autour du baby, moi je n'ai d'yeux que pour cette chose qui semble attendre son maître, et aussi... son heure. Cette machine m'hypnotise, me fascine, un peu à la manière d'un David Vincent magnétisé par le son et la lueur étrange, surnaturelle, d'un vaisseau venu d'ailleurs.

L'été passé, c'est dans une obscure salle d'arcade adossée à un centre commercial, accompagné de mon paternel (entrée interdite aux mineurs !), que je me souviens être "passé à l'acte". J'ai engouffré le porte-monnaie tout entier dans une borne Galaga. Au grand désespoir de mon père d'ailleurs, qui passait son temps à me donner des tapes sur l'épaule en faisant mine de sortir, pour me tirer des bras de cette machine vorace.

Noël arrivé. Quel bonheur et quelle surprise de découvrir au pied du sapin une console Vidéopac (Philipps). Un seul cadeau, mais quel cadeau mes amis ! Je crois bien que j'en ai oublié de manger ce soir là. Avec son clavier tactile et ses deux manettes, elle faisant vraiment très pro cette console. Eh oui, à cette époque, un tel objet sous la télé c'était quand même le fin du fin, surtout face à l'Atari 2600 et sa très kitsch façade... en bois. Je me souviens avoir passé des soirées, des journées, des week-ends entiers à jouer à "Munchkin" (superbe clone de Pac-man, bien plus original et ayant fait l'objet d'un procès pour plagiat par Atari) et "Freedom Fighters" (clone de Defender, qui se joue avec les deux manettes en même temps !).

A l'époque, acheter une cartouche de jeu Vidéopac c'était un véritable investissement : 300F l'unité (un salaire annuel pour un gamin de mon âge). Autant dire qu'il fallait être vigilant, ne pas se tromper, lire, relire les jaquettes des boites dans les présentoirs. S'imaginer ce que pouvait bien être ce jeu, rêver, espérer, avant de succomber après des semaines, des mois de réflexion (et d'économie !).
Heureusement, à la même période, les premiers magazines de tests de jeux vidéo permettaient (enfin) de s'appuyer sur des avis éclairés. Plus ou moins... Parce que pour être honnête, au début, ça sentait bon l'amateurisme. Je ne parle pas de la maquette du journal, collée à la UHU, mais de certains articles, rédigés visiblement par des personnes qui n'avaient pas toujours testé réellement le jeu ou qui ne faisaient preuve d'aucun recul.

J'entends déjà les mauvaises langues dire que ça n'a pas changé. Certes, la presse JV papier traverse une véritable crise, mais il existe tout de même (encore) quelques bonnes publications (GameFan et Canard PC par exemple). Tiens, Canard PC, c'est un peu le fils spirituel du fabuleux Hebdogiciel. Cet hebdomadaire au format journal apparu en 1983 et à l'humour très "fluide glacial". Hebdogiciel a accompagné mes années collège et ma découverte du monde de la "micro". Il contenait majoritairement des listings à taper soi-même, qui faisaient d'ailleurs l'objet d'un concours permanent. Au fil du temps les rubriques se sont étoffées : "Bidouille-grenouille" (trucs et astuces pour déprotéger et recopier les jeux, sisi !), les "Deuxlignes" (mini-programmes en deux lignes maximum), "Mini-mire" (news Minitel : eh oui, parce qu'Internet à cette époque, comment dire...). Sans oublier bien sûr les dessins caustiques de Carali (frangin d'Edika), qui sévissait aussi dans un autre registre pour "Placid et Muzo poche" (les lecteurs de Pif Gadget s'en souviendront certainement). L'Hhhhebdo était impotoyable avec les nouveautés qui ne convainquaient pas. La liberté de ton était totale, ce qui leur a d'ailleurs valu quelques procès retentissants. Franchement, quel décalage avec les fadasses et policés articles "publi-reportages" qui constituent l'essentiel de la presse JV actuelle.

Il faut dire qu'à l'époque, c'était l'explosion de l'offre en terme de mirco-informatique. Aucun standard ne s'était encore imposé, c'était la jungle mais aussi la liberté, la créativité ! Dans la salle du club micro de mon collège trônaient bien entendu les MO5 et autres systèmes "sponsorisés", mais les veinards qui avaient la chance de posséder un micro ne se privaient pas de le sortir pour le montrer : Alice (Matra), Oric, Spectrum (Sinclair), même un Apple II étaient de la fête. Quelle belle brochette de zinzins on faisait, tout le monde était gaga de son micro et ne jurait que par son système adoré. L'ambiance dans ce club micro, c'était un peu comme lorsque des fans de tuning auto se retrouvent sur un parking de supermarché le week-end : une exposition de machines bichonnées, une certaine rivalité (déjà), un peu de frime et beaucoup d'émerveillement.

Les couleurs sur les écrans étaient bien flashy, les sauvegardes sur cassette audio la norme et "Kilo Octet magazine" affirmait dans son édito "A quoi bon d'avoir plus d'1 Ko de RAM, vu toutes les possibilités offertes par une telle capacité ?". A cette époque, où le ZX 80 était très répandu, ce discours se tenait. Billou en personne ne s'est-t-il pas dit un jour "Bof, 640 Ko, c'est bien plus que nécessaire, ça tiendra bien 10 ans !". La fameuse loi de Gordon Moore date de 1965, pourtant en 1980 personne ne pouvait encore présager de l'ampleur qu'allait prendre l'essor de la micro les 15 années suivantes.

** Push Start **

Un Apple II, même un simple Spectrum, étaient d'inabordables trésors pour le gamin des années 80 que j'étais. La micro, les jeux vidéo, tout cela m'était inaccessible en dehors de ma console Vidéopac, du Vic-20 (Comodore) de mon pote Christophe chez lequel je passais des week-ends entiers et des revues que je dévoraient (Tilt en tête, suivi d'Hebdogiciel of course, de List, L'Ordinateur de Poche...).
Ce n'est que le jour de mes 15 ans, à l'occasion de mon anniversaire, que j'ai enfin eu la joie de posséder un micro, chez moi. Il s'agissait d'un Amstrad CPC 664. Un modèle à la durée de vie commerciale très brève, qui possédait un lecteur de disquettes 3" (disquettes réversibles, qui coûtaient une véritable fortune, ce format ne s'étant jamais imposé).

Avec le recul, je peux l'affirmer, c'est bien à ce moment précis que je suis devenu un gamer, un accroc du jeu vidéo.

Les petites annonces de Tilt étaient un moyen efficace pour trouver des contacts pour échanger nos jeux. Ceux-ci étaient le plus souvent stockés sur des casettes audio, dont la duplication était assez hasardeuse, le signal audio s'atténuant de copie en copie. Il n'était pas rare de prier devant le chargement d'un "Knight lore" ou "Jet Set Willy", en redoutant ce maudit "load error". Le transfert d'un jeu du format cassette vers disquette était aussi une véritable épreuve. Cela ne pouvait se réaliser qu'avec l'aide d'une série de peek & pokes cabalistiques et d'outils spécialisés (comme "Transmat", un outil de "déplombage" diffusé avec une newsletter contenant ces fameux "codes").

Il a fallu un certain temps avant que la disquette ne s'impose parmi les amstradiens, avec l'avènement du modèle 6128. Les jeux s'échangeaient alors en plus grand nombre et la cours de récré devenait le lieu d'un véritable trafic où les listings de jeux passaient de mains en mains. Pour assouvir ma soif de posséder le plus de jeux possibles, je multipliais les contacts, par petites annonces interposées, à travers toute la France. Mon budget timbres et disquettes engloutissait l'essentiel de mon argent de poche et il fallait ruser pour financer cette passion. Je me souviens par exemple avoir vendu des jeux en y incluant un mécanisme de compteur de lancements qui effaçait le jeu de la disquette après un certain nombre de parties (en espérant ainsi générer un nouvel achat). Oui, je sais, c'est mal. Vous n'avez jamais été jeune ? Cela dit, ce principe de "pay per play" : quelle bonne idée. Une autre évidence était qu'il me fallait passer au format de disquettes 5"1/4, en achetant le lecteur externe adéquat (le miens avait un superbe boîtier en... carton). C'est tellement moins cher à l'achat et à l'expédition les 5"1/4 ! Il ne fallait pas non plus hésiter à trouer les disquettes avec une perforatrice pour les utiliser en "double faces". Cette technique s'appliquait d'ailleurs plus tard aussi, avec les disquettes 3"1/2 (mais avec une perceuse, la coque étant bien plus résistante).

La même pénurie d'argent de poche faisait qu'avec les potes on squattait le point presse à côté du lycée pour lire les magazines de jeux vidéo. A cette époque, la presse papier était la seule source d'information pour les fans de JV. Autant dire qu'on était tous impatients de découvrir le dernier numéro de nos revues préférées dans les kiosques en début de chaque mois. Mais à 17 ou 20 francs pièce, acheter ces revues tous les mois était impossible : c'était le prix de 4 parties de billard ou 10 de flipper, vous vous rendez compte ?!
Avec un tel prétexte on n'hésitait jamais à retranscrire méticuleusement toutes les petites annonces qui nous intéressaient. Comme tout ça se faisait juste devant la caisse du buraliste, je vous laisse imaginer les scènes auxquelles on avait droit régulièrement. Pour vous dire, même 10 ans plus tard, ce buraliste continuait de me regarder d'un oeil louche lorsque je rentrais dans son kiosque.

Tiens, des voix me reviennent à l'esprit quand je repense à tout ça :
"C'est pas une bibliothèque ici !"
- Huhuhu. Sacré buraliste (faut dire qu'il avait raison).

"Ohh pu...., mon annonce est passée !"
- Haha : passer des annonces du style "cherche contacts" dans Tilt, c'était pas gagné d'avance (ça filtrait sévère à la fin).

"Whoooaaah ! T'as vu l'image, on dirait une photo".
- Screenshot de "Defender of the Crown " : je m'en souviendrais toujours de celui-là.

A cette époque, il fallait savoir attendre et faire marcher son imagination :
les descriptions laconiques des jeux, accompagnées d'une pauvre photo d'écran, étaient la norme dans les magazines. Curieusement, ce style minimaliste générait en moi plus de curiosité et d'excitation que les longs et verbeux articles qui sont les standards de nos jours.
La presse JV papier de l'époque fleurait bon la passion, voire l'amateurisme.
Tout ça rendait (à mon sens) ces revues plus "accessibles" aux gamins qu'on était.

Avec l'Amstrad et ma boulimie de jeux j'ai découvert sans le savoir des standards issus de portage Spectrum ou Arcade (chose dont je n'ai pris conscience que des années plus tard, à travers l'émulation). Certains titres spécifiques à ce système resteront aussi à jamais gravés dans ma mémoire. Encore aujourd'hui, je prends un sacré plaisir à rejouer à des jeux comme Barbarian ou Jet Set Willy. D'autres jeux sont pour moi tout aussi mythiques. Non pas qu'ils brillent particulièrement par leur réalisation. Non, juste parce qu'ils constituent la fondation de mon parcours de gamer. De mémoire (et dans le désordre) je peux citer : Crafton & Xunk, The Rocky Horror Picture Show, Knight Lore, Sabre Wulf, Cauldron, Bruce Lee, Sorcery, The Last V8, Elite, Saboteur, Beach Head... Je préfère m'arrêter là, je ne peux pas être exhaustif.

** Level up **

En 1986, à peine après avoir acheté un Amstrad CPC 6128 suite à la revente de mon CPC 664, je me suis laissé charmer par un système qui allait marquer un tournant dans ma vie de gamer : l'Atari 520 ST. Il faut dire que dans la boutique ou j'avais acheté mon dernier CPC, le vendeur m'avait assommé d'arguments en faveur de la bébête. Sur le coup je suis resté ferme et stoïque et je suis reparti avec un nouveau CPC comme prévu, en faisant la sourde oreille. Mais une fois rentré chez moi, je n'ai eu de cesse de ressasser ses arguments qui finalement ont eu raison de ma détermination.

Et voilà qu'un beau jour de 1986 j'installe mon ST. Superbe écran, vraiment rien à voir avec celui de l'Amstrad qui m'a rendu photosensible pour le restant de mes jours. Une souris en standard. Un méga de RAM, rendez-vous compte ! Des disquettes au format standard (3"1/2) et des capacités graphiques et sonores que je pensais taillées pour que ce système puisse s'imposer à la terre entière pour les 20 ans à venir ! Tiens, c'est curieux, je me demande si des possesseurs d'autres bécanes "concurrentes" du même calibre n'étaient pas convaincus de la même chose.

Pour reconstituer mon stock de jeux, j'ai innové (sur les conseils avisés d'un ami) en négociant avec mes parents de rapporter un Minitel à la maison. Je suis ainsi assez rapidement devenu un forumeur quotidien et noctambule sur 3614 RTEL, un serveur Minitel avec des salons pour tchater et des forums pour poster ses PA. Un vrai repère de pirates, tous systèmes confondus. La première facture téléphonique post-Minitel arrive dans la foulée : 1390F. Ahhhrgl ! Va falloir rembourser. D'autan plus qu'à la même période je m'amuse à monter mon serveur RTC et à me connecter à celui de mon pote Fabrice (communication locale certes, mais payante tout de même).

Avec l'Atari, je suis aussi passé du statut de gamer à celui de coder. Assez rapidement je me suis tourné vers la programmation en assembleur 68000. J'ai commencé par potasser la théorie de longs mois (merci Eyrolles), pour ensuite coder mes premières routines, puis, de fils en aiguilles de petites démos. Ah, les démos. Quel incroyable univers ! Le CPC ne brillait gère dans ce domaine, tout au plus pouvait-on voir quelques cracktros par ci par là. Mais la guéguerre Atari / Amiga, ça, c'était du sérieux mes amis, une épopée légendaire ! Il fallait en mettre plein la vue. Coder des scrollers de plus en plus imposants et mouvants. Animer des sprites énormes, le plus possible, avec des distorsions, du parallaxe et de l'overscan. Et le son ! Il devait enfoncer le clou. La chiptune, originale ou rippée, était une composant essentielle d'une démo car elle participait à la mise en scène : l'animation se devait d'être phase avec la musique qui jouait bien plus que le rôle de "cerise sur le gâteau".

Atari / Amiga, c'était la guerre froide. Celle des groupes de crackers et de démo makers avant tout. L'escalade, la surenchère permanente. Il fallait dominer sa machine, lui faire sortir les tripes et afficher au monde sa maîtrise de l'art du coding. Innover pour dépasser les limites techniques et apporter la preuve de la suprématie du système qu'on a "élu" était une motivation récurrente. Il fallait être incroyablement orgueilleux, acharné et doué pour s'imposer dans cet univers et laisser une trace, inspirer le respect.

Aucune de mes démos n'a connu de réelle notoriété. Cela dit, j'étais suffisamment calé en programmation en assembleur pour donner des cours. Je vendais même mes cours par correspondance, disponibles sur disquettes sous la forme de documentation et d'exercices, à l'aide de PA dans la presse et sur Minitel. Avec un certain succès je dois dire. A 200F la disquette, l'affaire, bien qu'artisanale, était rentable. J'ai eu aussi un succès d'estime avec certains sharewares (dont "Antivirus-boot", qui a généré des centaines de téléchargements sur "3617 Teaser" me rapportant ainsi... au moins 50 francs). Tiens une anecdote à ce sujet. Un jour, le téléphone sonne. Une voix que je ne connaissais pas me demande :

"Ca vous dirait de venir programmer des jeux chez nous ? On est tombé sur une de vos démos et on aimerait vous embaucher."
- Euuhhh... Ben.... Je préfère passer mon bac d'abord, vous comprenez... Vous êtes qui ?
"Ubi Soft."
- Ahh ouais, j'ai vu une pub dans Tilt qui disait que vous recrutiez...

Faut dire qu'à l'époque, Ubi c'était une petite boite de rien affublée d'un logo griffonné au feutre fluo (hyper cheap) et qui produisait des jeux mémorables (aussi) pour leurs jaquettes horribles. Pas de quoi faire rêver.

Bien entendu, ma période Atari ce n'était pas que du coding. Des jeux comme Carrier Command, IK+, Leisure Suit Larry, Speedball, Goldrunner, Kick Off, Falcon (rhaaa lovely), Lemmings, Virus, Xenon II, Plutos, Buggy Boy, Stunt Car Racer, Operation Wolf, Midi-Maze, Defender of the Crown et tant d'autres m'ont marqué à jamais.

Cela dit, s'il y a bien un jeu qui incarne tout ce que j'aime dans les jeux vidéo, c'est bien "Dungeon Master" (et ses séquelles). Cet univers temps réel, qui mêle réflexion, action et aventure a été ma référence pendant des années. J'y ai rejoué un nombre invraisemblable de fois, sur différents systèmes d'ailleurs, et encore aujourd'hui il m'arrive de me refaire un petit niveau, juste comme ça, en version originale ou sur un remake java.

A la même période je suis aussi devenu un joueur régulier de shoot'em up (SHMUPs) sur borne d'arcade et notamment sur "Xevious" et "1943". C'était un rituel au lycée, à la pause entre la fin du repas de midi et la reprise des cours : bistrot, billard, SHMUP (un peu d'Arkanoid aussi). Pendant 4 ans ! Depuis, et notamment grâce à MAME, je pratique encore régulièrement ce type de jeu, que j'apprécie pour son action immédiate. Les shoots, c'est un peu comme la pub : de l'action, du concentré, du survitaminé et de l'efficacité. Ca défoule, et pour certains comme moi, ça peut même détendre. Le tout est de savoir varier entre Manic et Old School pour éviter l'overdose et les crampes.

Tiens, en parlant d'émulateurs. En 1989, j'avais émulé un PC (MS DOS 4) sur mon ST, à l'aide de PC-Ditto, émulateur soft. Tout ça pour compiler des TP de COBOL (j'étais alors jeune étudiant en informatique). Jamais je n'aurais imaginé qu'il serait possible un jour d'émuler de nobles bornes d'arcade sur un pauv' PC... "Tout s'barre en c..." que je me serais dit. "Si ça se trouve, un jour, les salles d'arcade elles même disparaîtront et il faudra aller au Japon pour y jouer", aurais-je alors pensé. Quel cauchemar.

** Next stage **

Au milieu des années 90, avec le déclin des systèmes 16-bits, les PC se sont petit à petit imposés, même dans le cercle très fermé des systèmes de jeux, et malgré la qualité de l'offre consoles.

Le PC était à la peine au niveau son et jouabilité avec son clavier dont le buffer trop vite plein pouvait facilement bloquer tout le système. Mais en 3D, l'évolution constante des capacités CPU permettait de jouer à de vraies bombes : Chuck Yeager's Fligh Sim (quel hit ce simulateur de vol), F1 GP... Qu'est ce que j'en ai mangé de ces jeux là. Encore aujourd'hui je me régale à y rejouer (merci DosBox).

Le summum a certainement été atteint le jour où j'ai découvert Ultima Underworld ! Dans la lignée directe des Dungeon Master, ce jeu est le premier RPG du genre à vous faire évoluer dans un univers en 3D "fluide". La musique envoûtante, la liberté de mouvement et d'exploration totale, participent au pouvoir immersif de ce titre culte. Il s'agit pour moi certainement du jeu qui m'a le plus marqué au cours de mes années "PC 80286". J'ai aussi de très bons souvenir avec Eye of the Beholder (tiens donc...), Lands Of Lore (quelle surprise...) et dans un autre registre "Day Of the Tentacle". J'ai aussi énormément pratiqué Doom, Duke Nukem et Transport Tycoon au cours... de mon service militaire (planqué dans un service informatique).

Avec les gains de mon premier travail j'ai investi dans une N64. Essentiellement dans le but de jouer à un jeu : Zelda Ocarina Of Time.
Je me souviens encore de sa sortie, c'était vraiment la cohue (ce n'était pas Akihabara le jour de la sortie de la DS mais ça ruait sec dans les rayons quand même). Zelda OOT est certainement un de mes meilleurs souvenirs vidéoludique. Ce jeu est tout simplement parfait ! Réalisation, scénario, liberté d'action, poésie, tout y est. Je suis tombé sous le charme et depuis je collectionne toute sorte de goodies qui me permettent de replonger dans l'ambiance : musiques, DIVX de replays, etc... Pour le reste, ma N64 n'a pas fait long feu pour être honnête. Banjo Kazooie, Super Mario 64, Rogue Squadron... OK, c'était fun, beau. Mais je pense être avant tout un joueur de RPG et de simulations, bref, de jeux un peu moins "gentillets". Même GoldenEye ne m'a pas convaincu (j'ai lâché la N64 avant de découvrir Conker's Bad Fur Day, dommage, mais heureusement avec l'émulation j'ai pu me rattraper).

Bien plus tard, avec l'avènement des cartes PC 3D, j'ai plongé dans l'univers de Half Life (quel souvenir !). Plus récemment, connexion haut débit aidant, je suis aussi devenu adepte de FPS online. Je suis un vieux de la vieille sur Medal Of Honor Online (que j'ai pratiqué pendant deux ans), mais mon chouchou (en 2005 encore), c'est Call Of Duty UO : le top du top (selon mes critères). J'y passe régulièrement des nuits entières, c'est irraisonnable, mais comment dire, ce jeu est comme une drogue. J'ai un plaisir sans cesse renouvelé à participer à des parties de Seek & Destroy, surtout sur les serveurs avec mod "réaliste".

Non, je ne plongerais pas dans le MMORPG ! J'ai une vraie vie aussi, analogique. Ne m'en parlez même pas, OK ? Je ne veux rien savoir à ce sujet !

** Same player, play again ! **

Pour terminer sur mon parcours (qui n'est pas fini t'ention !) je me dois d'évoquer la passion qui m'anime depuis plusieurs années maintenant. Celle de re-découvrir les titres des années 80-9X. J'éprouve en effet énormément de plaisir à rejouer à ces oldies qui m'ont accompagné depuis ma plus tendre enfance. Cette nostalgie est consciente et raisonnée ; loin de moi l'idée de me réfugier dans le passé !

Le temps d'une partie, j'apprécie de pouvoir ranimer une foule de souvenirs heureux associés aux périodes liées à la découverte de ces jeux. Lancer un émulateur, ne serait-ce que quelques instants, et jouer à un titre pour retrouver les émotions qu'il m'avait procuré à l'époque de sa découverte, c'est magique ! Partager sa passion, avec des personnes qui comme moi ont les oldies dans la peau : quel plaisir ! Cela m'a poussé récemment à ouvrir mon blog, Pixelove.net, dans le but de remercier tous ceux qui me permettent d'alimenter mes rêves : les créateurs d'émulateurs, les sites de news rétrogaming et leurs forumeurs, ceux qui réalisent des remakes d'oldies ou remixent de la Chiptune.

Pixelove.net est mon ex-voto à la communauté des rétrogamers, un jalon dans mon parcours de gamer nostalgique mais pas passéiste. Puisse-t-il m'aider à garder ces souvenirs vivants et surtout, à les partager.

NesLP
(27 octobre 2005)